Nouvelle plongée dans le Paris interlope et mystérieux du début XXe avec une intrigue policière palpitante. Une saison 2 superbement mise en scène et encore meilleure que la précédente !
Après, Paris Police 1900 qui fut une des bonnes surprises de l’année 2021 en matière de série, Fabien Nury et son équipe reviennent avec Paris 1905, une saison 2 qui nous plonge une fois encore dans le Paris tourmenté du début du XXe siècle, et plus précisément durant la période de Noël 1904. Sur ordre du préfet Lépine, les policiers sont chargés de nettoyer les rues des prostituées, car celles-ci sont accusées de troubler l’ordre public et de répandre la syphilis auprès de la population masculine. Au même moment, au bois de Boulogne, le cadavre d’un homme est retrouvé. Suicide ou meurtre ? L’inspecteur Jouin (Jérémie Laheurte) est chargé de l’enquête en compagnie de son équipe.
Cette nouvelle saison bénéficie du talent du scénariste Fabien Nury, un auteur de bandes dessinées reconnu (Il était une fois en France, Tyler Cross, L’homme qui tua Chris Kyle) et qui s’avère être un redoutable scénariste pour le cinéma ou la télé, comme on a pu se rendre compte dans Paris Police 1900, avec une plongée au cœur de La belle époque, au moment de l’affaire Dreyfus et de l’arrivée du préfet Lépine à la tête de la police parisienne. Pour cette seconde saison, les scénaristes nous proposent une nouvelle intrigue policière, diablement bien ficelée, remplie de personnages troubles, aussi tordus que passionnants. Une bonne partie étaient déjà présente dans la saison 1. On les retrouve ici dans une histoire où le milieu bourgeois est sérieusement mis à mal, où l’on traque les invertis dans les endroits les plus sombres du bois de Boulogne.
Comme par le passé, inspirée de faits réels, cette nouvelle saison montre combien la répression est forte auprès de la population homosexuelle, et mais aussi des femmes prostituées. Car la syphilis fait rage à cette époque et touche autant le bas peuple que la bourgeoisie. Au cœur de l’intrigue, on retrouve la troublante Marguerite Steinheil (Evelyne Brochu), femme d’un peintre tourmenté et cocu, Alphonse Steinheil (François Raison), qui organise des soirées de jeu clandestines dans sa maison, sous couvert de vernissages de toiles. Avec le consentement plus ou mois avoué du préfet Lépine, toujours aussi bien campé par Marc Barbé.
Meilleure encore que la saison précédente, Paris Police 1905 bénéficie d’une mise en scène absolument remarquable, nous gratifiant d’images, de plans magnifiques dans ce Paris hivernal et ténébreux, avec quelques scènes dans le bois de Boulogne aux accents gothiques totalement réussies. Car dans cette série, l’ambiance compte autant que l’intrigue. Les décors, la reconstitution du Paris de l’époque, les intérieurs et la psychologie trouble des personnages donnent à cette série tout son sel, toute son originalité, rendant très vite le spectacle pleinement addictif. Un spectacle aussi raffiné que savoureux, qui prouve, si besoin était, que la production française sait se mettre à la hauteur de ses concurrentes quand elle est servie par des scénaristes et des metteurs en scène de talent.
Benoit RICHARD