Notre monde policé s’est doté de règles au niveau international, dans tous les domaines, mais sont-ils respectés ? Des accords sur le climat aux guerres d’Irak ou d’Ukraine, nous pouvons en douter.
Professeurs de droit international à l’Université Libre de Bruxelles, Olivier Corten et Pierre Klein vont tenter de nous convaincre de l’utilité de leur matière. Que nous racontent-ils ? Sinon la lente émergence du droit dans les relations internationales, un droit d’abord catholique et romain, puis, progressivement, un droit ancré sur la coutume et sur les traités. Or, l’humanité hésite manifestement entre une quête éthique (le droit, vecteur de progrès et de civilisation) et une dimension politique (le droit, instrument du pouvoir entre les États, qui se résume trop souvent au droit du plus fort). Ses progrès sont lents et les rechutes cruelles. Le droit du prince tout-puissant cèdera progressivement à la volonté de l’État souverain, des États trop longtemps soumis aux États Européens, puis Russe et Nord-Américain.
Gérard Bedoret est un Illustrateur talentueux. Son trait charbonneux est vif et sa bichromie précise. Bien que rapidement croqués, ses personnages historiques sont parfaitement identifiables et toujours expressifs. Le scénario s’articule autour de deux personnages de fiction. L’homme est naïf et candide. Sa compagne est féministe et caustique. Afin de faciliter l’immersion de ses lecteurs, le dessinateur fait intervenir ses héros préférés, deux cyniques, le pape Borgia Alexandre IV et le roi colonialiste Léopold Ier, et la courageuse Olympe de Gouges.
La bonne nouvelle, c’est que monde contemporain s’est enfin doté d’institutions véritablement supranationales qui, hélas, dépendent de la bonne volonté des grandes puissances. Ces dernières possèdent non seulement des droits de véto, mais aussi le pouvoir d’imposer, par les armes, leur propre volonté. Si notre monde a vu l’apparition récentes d’opinions publiques fortes, toujours mieux formées et informées et friandes d’éthique, elles demeurent, hélas, manipulables. Les nationalismes ne sont pas morts et le progrès n’est pas linéaire.
Stéphane de Boysson