Album riche et coloré, chaud et festif, plein à ras-bord de rythmes, de percussions, de cuivres et de pop. Chaque morceau a son petit truc à lui, ce petit gimmick, ce petit twist, qui le rend intéressant et fait de Get Up Sequences Part Two un album merveilleux. Il y a beaucoup de tout, presque trop, un tout petit plus et on frisait l’overdose, l’écœurement, le tournis. Ian Parton a su s’arrêter juste où il fallait. Un album politique aussi, qui montre (encore une fois) que l’Angleterre est une terre d’accueil.
N’y a-t-il pas des albums qui devraient être remboursés par la sécurité sociale? Ou des groupes qui pourraient être prescrits dans les dispensaires et les cabinets médicaux? L’idée est probablement idiote, mais si ce n’était pas le cas et que cela arrive un jour, il faudrait penser à mettre The Go! Team en bonne position sur la liste. Non, pas pour lui donner un statut officiel de musique d’état, mais parce que la musique de la bande à Ian Parton, qui a fondé le groupe et qui compose paroles et musiques, ne peut qu’avoir un effet positif, énergisant, euphorisant sur qui l’écoute. La vitalité, la flamboyance, l’exubérance qui caractérisent chaque morceau sont irrésistibles. Cela a toujours été la marque de fabrique du groupe, depuis le remarqué Thunder, Lightning, Strike. Et c’est encore le cas avec ce Get Up Sequences Part Two.
Même à six heures du matin, un samedi ou un dimanche, impossible de ne pas sourire et de se déhancher quand roulent les percussions du morceau d’ouverture, Look Away, Look Away, on ne peut s’empêcher de sourire, de siffloter. Le rythme forcené des percussions est quasiment épuisant, mais tellement plein de soleil, de joie, de gaité… Et les paroles sont à mourir de rire (presque)… Premier ou douzième degré? Il n’en reste pas moins que c’est une ode au travail qui est chantée, en français dans le texte, par le Star Feminine Band, un groupe vocal béninois, qu’Ian Parton a associé à ce morceau.
« Occupe-toi de ton travail mon ami
Car le travail est la source du bonheur
Ne paresse pas quelque soit ton travail
Soit confiant et fidèle à ton travail
Quelque soit les problèmes mon ami persévère
Quelque soit les difficultés avance »
Il n’y a pas que ces invitées béninoises sur l’album. Ian Parton, pris d’une sorte de « réflexe anti-Brexit » a voulu faire un disque ouvert sur le monde. On trouve aussi sur l’album Neha Hatwar sur DiveBomb ou Baby, chanteuse indienne, la japonaise Chisato Kokubo (de Lucie, Too sur Going Nowhere), les rappeuses Américaines IndigoYaj (sur DiveBomb) ou Nitty Scott (sur Whammy-O), Hilarie Bratset (ex-Apples in Stereo sur Sock It To Me)… Sans oublier de citer Adam Hutchinson (basse, vibraphone), Sam Dook (guitare), Deanna Wilhelm (trompette), Sarah Hayes (flûte) et de nombreux et nombreuses autres chanteuses et chanteurs. Pas étonnant que l’album sonne donc comme une « salade de fruit globale », dixit Parton. On est pris, du début à la fin, dans un grand maelstrom de couleurs – la pochette illustrement bien l’album – et de sons. Tous les morceaux ont cette même grinta et ce groove contagieux. Ian Parton encore, « le groove, c’est la vie ».
https://www.youtube.com/watch?v=68wi5gqM_as
« For me each successive Go! Team record just gets fucking groovier and for me grooviness is life! »
Même les morceaux où les cuivres sont moins en avant, ou ceux qui sont plus lents regorgent de la même vie. Des morceaux comme The Me Frequency ou Train Song ou Baby, ou encore le fantastique But We Keep On Trying ont suffisamment d’énergie pour déplacer des montagnes. Même le ludique Going Nowhere – rythmiques et orgue bontempi – qui semble arriver comme un cheveu sur la soupe finit par être addictif. Et très pop… Comme le reste de l’album, ne l’oublions pas. But We Keep On Trying ou Sock It To Me montrent que Get Up Sequences Part Two est un album de pop. Festif et pop.
N’oublions pas non plus que, derrière cette façade de couleurs, de joie, de vitalité, Get Up Sequences Part Two est un album politique. Pas simplement parce qu’il fait l’apologie du travail. Sur un rythme pop décalé, But We Keep On Trying vante la résistance politique – « Yeah didn’t get the votes this time/Yeah didn’t make the mayor resign/Ooo-oo but we keep on trying/Ooo-oo but we keep on trying/Yeah didn’t get equality/Yeah didn’t take the bourgeoisie/Oo-ooo but we keep on trying/Oo-ooo but we keep on trying ». Divebomb est tout aussi explicite, « Cos to fight is a right – it’s the right to choose » ou encore « Mr president, senate, madam secretary (shoot !)/Introducing myself but you already know me/(shoot !)/Keeping on , organising, mobilizing/(shoot !)/See i’m taking my thing and then i multiply it ».
Alain Marciano