Décidément, la popularité de Mickey Mouse ne faiblit pas. Non seulement la célèbre souris refuse de se confiner dans des archives poussiéreuses mais elle se voit en plus offrir de nouveaux terrains de jeux « haut de gamme » par des bédéistes français. Démonstration avec ce splendide Terror-Island.
Lady Peppermint est inquiète. Son mari, féru d’archéologie, a soudainement disparu alors qu’il préparait une expédition vers une mystérieuse île lointaine abritant un trésor. Appelés à la rescousse par l’épouse éplorée, Mickey, Donald et Dingo vont se faire détectives et prendre la mer pour tenter de retrouver l’explorateur.
Sous la houlette de Disney, Glénat propose depuis quelques années aux pointures de la BD franco-belge de remettre au goût du jour l’illustre souris et ses amis, dans le cadre des Créations originales. Les quatorze albums déjà publiés font figure de petites madeleines de Proust dessinées qui font le bonheur des plus jeunes et des nostalgiques de l’univers Disney. Du moins peut-on le supposer…
Pour son deuxième opus après Horrifikland, Alexis Nesme se passe des services du touche-à-tout Lewis Trondheim au scénario et fait cette fois cavalier seul. Cet artiste très doué, repéré à Angoulême dès 1996 avec l’Alph’art « Graine de pro » (il n’avait que 22 ans), s’y entend pour nous émerveiller par ses planches magnifiques, extrêmement soignées, qui ramènent le lecteur dans le cocon de l’enfance. S’il était logique qu’il soit sollicité pour se lancer dans l’ « aventure Mickey », il n’est guère étonnant qu’on lui demande de rempiler ! Le travail sur la couleur est impressionnant, avec toujours des effets de lumière très réussis, qu’il s’agisse des cieux diurnes ou nocturnes, ou encore des vues sous-marines. On sera un brin peu plus réservé sur les personnages qui semblent avoir perdu de leur dynamisme cartoonesque que Disney savait leur insuffler.
Quant au scénario, on sera également dubitatif. Alors certes, la cible est à l’évidence le jeune public (oui vous savez, celui de 7 à 77 ans), mais là où Trondheim avait su introduire une touche de réflexion dans un cahier des charges vraisemblablement très cadré, Nesme ne semble pas avoir eu cette préoccupation, plus préoccupé par la forme que par le fond, le scénario n’étant qu’une suite de rebondissements aléatoires inspirés des Aventuriers de l’arche perdue ou de King Kong, parsemés de gags pas vraiment folichons, avec un dénouement un peu facile. Tout cela est peut-être lié en partie au format court et au cahier des charges. Il est possible que cela plaise si on n’est pas trop regardant sur cet aspect, car encore une fois l’univers graphique est splendide.
Laurent Proudhon