Que peut-il venir de bon de Norvège ? Du gaz naturel, du saumon fumé et les aventures déjantées de Jens, Gustave et Brego !
« Dunce » signifie cancre en norvégien. Jens est un jeune père moderne, il a créé une start-up et élève seul son fils Gustave, un garçon particulièrement précoce. Très contrarié par sa dépendance aux friandises, Brego se veut chien philosophe. Jens K. Styve revendique la filiation avec l’extraordinaire Calvin et Hobbes de Bill Watterson. La construction est similaire : des strips de quatre cases, une famille nucléaire, quelques personnages secondaires, une grande économie de décors (le domicile, la start-up et la nature), des situations récurrentes (les réseaux sociaux, les jeux vidéo, les rapports père/fils) et un délicieux cocktail d’ironie grinçante et de fantaisie débridée.
Le style graphique de Jens K. est immédiatement reconnaissable. Son dessin est rapide, caricatural et très expressif. La belle mise en couleurs adoucit les rugosités du tracé. Dans ce second volume, l’auteur norvégien approfondit l’univers de ses héros en enchaînant des strips dans des histoires plus longues : Jens tente de quitter Facebook, puis perd un contrat important, Gustave réalise son premier stage en entreprise et découvre, avec surprise, le monde du travail moderne, Brego tombe amoureux, mais quelle est la part d’instinct dans cette passion ? Les dernières pages sont consacrées à la pandémie.
Le ton est jubilatoire, Jens K. parvient à associer dans ces courtes histoires nos petites contrariétés quotidiennes à des sujets plus graves, de la dépression à l’addiction aux univers virtuels, de l’amitié à l’amour canin. Une très belle réussite.
Stéphane de Boysson