Arnold Turboust, que l’on aurait tort de limiter au collaborateur historique d’Etienne Daho sur les meilleurs albums du Rennais, revient avec Sur La Photo, son 6e album solo dans une veine peut-être plus mélancolique, plus délicieusement rétro que sur le précédent. Explications de l’auteur avec ce « titre par titre » éclairant.
A quoi sert donc un titre par titre ? À éclairer l’auditeur, à lui donner quelques pistes, à lui faire saisir le mystère qui habite ces chansons. Cela et plus encore. Arnold Turboust se prête avec gourmandise à cet exercice et décode pour nous ces évidences Pop.
Honi soit qui mal y pense : Comme un cheval au galop, cette chanson m’a donné du fil à retordre, elle me semblait pendant très longtemps inaboutie jusqu au moment où j’ai ajouté cette partie de violons rythmiques et à cet instant, je me suis dit que je l’avais enfin trouvé cette impression de cheval au galop !
Évidemment : Il y a longtemps que je trainais par devers moi cette suite d’accords et cette mélodie ainsi que ce texte sans jamais d’ailleurs l’avoir essayé, alors j‘ai fait écouter ce titre à Rico Conning qui m’a poussé à aller plus loin donc j’ai re-pianoté et j’ai cherché et trouvé l’idée de ce faux refrain avec une voix parlée au milieu de choeurs naïfs .
Rue de La Croix Nivert : Pendant quelques mois cette chanson est restée piano/voix, je ne parvenais pas à déterminer une rythmique satisfaisante, une ligne motrice jusqu’au moment où j’ai rencontré Vincent Mougel et Stéphane Bellity qui ont immédiatement solutionné mon problème en me proposant cette rythmique juste parfaite. Je n’ai plus eu qu’à réintégrer toutes ces ponctuations synthétiques puis Vincent m’a proposé cette magnifique partie de guitare arpègée, la magie quoi !
La vérité augmentée : Jusqu’au dernier moment, cette chanson n’a cessé de se transformer jusqu’à peu de temps avant le mastering où j’ai demandé à Tess de l’interpréter avec moi.
L’arpeggiator : Un nouveau synthé avec un arpeggiator formidable et un son de guitare que j’aimais particulièrement m’a inspiré ce titre . J’ai longtemps hésité avec le texte, j’ai trituré les phrases dans tous les sens avant de trouver la solution qui me paraissait la meilleure .
À supposer : De même, c’est une chanson que j’avais envoyée à Rico sans être convaincu de sa valeur, un peu trop classique, normale… Je l’avais même oubliée et puis il me l’a renvoyée mixée, très proche de ce qu’elle est actuellement, il avait en outre agrémenté le titre de ces magnifiques breaks de clavecin. Vincent Mougel a ensuite ajouté cette remarquable partie de trompette ainsi que ces chœurs très Swingle Singers.
Sur la photo : Au départ j’ai composé ce titre avec un pont assez long qui emmenait la chanson ailleurs, peut-être trop d’ailleurs, donc avec Rico, nous avons décidé d’enlever celui-ci pour rendre la chanson plus directe. Ce titre est l’axe central de l’album.
Des si des mais : Depuis le début, je savais qu’il me fallait une voix exceptionnelle pour ce titre et Patricia Petibon était juste la personne que j’imaginais pour l’interpréter. Quelle ne fut pas ma joie lorsqu’elle accepta de chanter cette chanson avec moi. Merci a Zelia qui a permis cette rencontre .
Belmondo : Ce fut le premier texte que j’écrivis. Il y avait depuis pas mal de temps dans mon champ de vision quotidien ce DVD L’Homme De Rio. Ce fut donc très logiquement que j’écrivis ce texte à propos de ce film et de ses acteurs principaux : Françoise Dorleac et Jean-Paul Belmondo. L’apport des guitares de Yann Leker fut primordial pour l’accomplissement du titre. Jean-Paul Belmondo était un des acteurs préférés de mon père.
Moi si j’étais vous : J’ai failli appeler ce titre Take a French leave. En effet, en français, on dit filer à l’anglaise. En anglais, on dit take a French leave il y a beaucoup d’exemples de la sorte entre nos deux langues, ce qui m’amuse.
Je voulais avec ce titre donner une impression cinématographique et depuis le début j’entendais une voix japonaise narrative comme une voix off de film. Kumisolo sans même que je lui explique plus que cela m’envoya ces voix parlées qui était juste ce que j’entendais . Je ne sais pas pourquoi, mais cette chanson m’évoque Les deux anglaises et le continent de Truffaut.
Lady’s fingers : J’avais depuis pas mal de temps les accords du couplet de cette chanson, mais le refrain se faisait attendre et puis à force de pianotage d’un seul coup celui-ci se proposa à mes doigts ! Concernant le texte, j’étais parti en voyage assez loin d’ici et l’on me servit des lady’s fingers. Quelle délicate attention… Sans connaître exactement la signification de ce mot, je le trouvais tellement charmant que je pris immédiatement mon stylo et j’écrivis vos lady’s fingers sont délicieux, j’en reprendrais bien un petit peu, etc, etc . Détail important : Laurie Mayer est la voix féminine.
Pour ne pas dire : Avoir du mal à s’exprimer, à exprimer ses sentiments, c’est un peu le thème de cette chanson… Pour ne pas dire se réfère à des choses qui me sont très personnelles.
Élodie : Nous avions convenu avec Jacques Duvall qu’après Les envahisseurs, il serait bien que nous écrivions une autre chanson ensemble. Jacques très rapidement m’envoya ce texte Elodie que j’adaptais à une suite d’accord que j’avais depuis quelque temps.
Ye souis : Probablement la chanson la plus pop de cet album et aussi la plus 80 s…Ye souis, Ye souis, Ye souis.