En attendant son prochain film de fiction, Kore-eda revient via Netflix au travers d’une (peu convaincante) série adaptée d’un manga, Makanai : Dans la cuisine des maiko.
Après une escapade dans l’hexagone et une autre du côté du matin calme, Kore-eda revient au Japon par la porte d’une série Netflix adaptée d’un manga. Makanai : Dans la cuisine des maiko est un travail coscénarisé et coréalisé par le réalisateur avec de jeunes cinéastes japonais que Kore-eda veut aider à se faire la main.
Les deux adolescentes Kiyo et Sumire quittent donc leur village pour Kyoto en espérant devenir maiko (apprenties geishas). Elles intègrent une maison où elles sont chargées d’assister les geishas. Mais, à l’opposé de la brillante Sumire, Kiyo est plus maladroite. Elle va trouver une vocation dans le travail de makanai (cuisinière de la maison). La série porte la signature formelle du cinéaste, cette intersection entre son passé de documentariste et l’influence du shomingeki (genre cinématographique consacré à la vie des gens ordinaires souvent pratiqué par Ozu et Naruse). La figure de la geisha n’est ici ni érotisée par le regard occidental, ni, comme chez Mizoguchi, un prétexte à dresser un portrait cruel de la condition de la femme japonaise. L’art culinaire de l’archipel et la rigueur de la formation des geishas y sont documentés avec précision (au point que cette attention maniaque se fasse au détriment de l’attachement aux personnages ?). Et Yoko Kanno, à qui l‘on doit le génial score de Cowboy Bebop, propose de belles compositions douces-amères. Et justement, la série à son meilleur retrouve le côté doux-amer des grands films du cinéaste.
Sauf qu’hélas, trop peu d’épisodes sont réussis d’un bout à l’autre. Et sur la fin, la série rate un épisode centré sur La Nuit des morts vivants, tandis que le dernier tombe dans la mièvrerie jusque là évitée…
Une adaptation de manga par un cinéaste palmé ; une adaptation de manga culte par un cinéaste d’animation déjanté (Devilman version Masaaki Yuasa) ; une adaptation de jeu vidéo réalisée par un cinéaste d’animation ayant travaillé sur Neon Genesis Evangelion (Cyberpunk : Edgerunners)… Netflix peut être loué pour convoquer dans ses séries les versants les plus et les moins connus en Occident du cinéma japonais ! Quant à Kore-eda, il reste à espérer que son retour au grand écran soit plus convaincant.
Ordell Robbie.