Partisan d’une électro-pop à la fois légère et nostalgique, le duo Korine traverse le temps à la recherche de la parfaite composition pop 80’s dans un 3e album qui n’évite pas les clichés mais qui se révèle plutôt convaincant.
De Philadelphie, le duo Korine ne tergiverse pas. Morgy Ramone (chant-guitare) et Trey Frye (claviers-programmation-basse), font clairement allégeance à la synthé-pop des années 80. Pour peu, croirait-on entendre Orchestral Manoeuvres in the Dark ou B-Movie en mode 2.0. Depuis quelques années, on assiste à une émergence de groupes clairement influencés par une new-wave légère et débarrassée des oripeaux batcave comme Tanlines, M!R!M ou Korine. Tear est donc leur troisième album et on y retrouve les séquenceurs, des rythmes programmés et des claviers inhérents au style.
La voix du chanteur androgyne Morgy s’engage dans les méandres de la pop désenchantée. Le résultat est fluide et évident. Mais aussi perturbant, leur premier titre Mt Airy emprunte une grille d’accords entendus sur I Gotta Feeling des Black Eyed Peas mais Korine s’en détache rapidement pour faire sienne. Guitares et synthétiseurs se partagent les beaux rôles et sont suffisamment attractifs pour éviter l’ennui. Tout comme l’explicite Lost In The Dark, calibré pour un public gentiment tourmenté, auquel on retrouve un bel équilibre entre aspiration commerciale et clin d’œil aux initiés. L’ombre de Depeche Mode et de New Order plane sur Deicide qui décolle facilement, la main lourde aux claviers est compensée par une rythmique proto technoïde.
Plus introvertie, la présence de nappes love Dream Dancer dans les draps souillés par The Cure et autres romantiques en manque d’affections. Morgy Ramone règle ses comptes sur Burn The World et The More I Try qui se partagent refrains entêtants, claviers souples et guitare aérienne. Plus shoegaze, Forevermore et ses 3’35 nous guide à travers un dédale noisy dans lequel il fait bon s’oublier. Le romantisme noir s’éprend aussi de Chimera, à coup de basse redondante et de riff presque rock, qui rapproche Korine d’un Pixies électro pop. Train To Harlem et Crystalline offrent un spectacle plus convenu et trouveraient leur salut sur Radio 80’s aux côtés d’Indochine ou d’Alphaville.
En dix titres, Korine n’évite pas les clichés mais sait être convaincant pour celles et ceux qui ont un faible pour la synthé-pop. Eighties braillait Jaz Coleman de Killing Joke, sans se douter de la portée du message trente-huit années plus tard.
Mathieu Marmillot
Korine Tears
Label : Avant Records/ Born Loosers Records
Sortie : 17 février 2023