Fantatisque remède à la déprime hivernale, les « classic rockers » et « bluesmen » hollandais de DeWolff ont mis hier soir le feu à la Maro. On était là !
Si vous pensiez que pour jouer le Blues, il fallait être né sur les rives du Mississipi, si vous aviez décidé que les guitar heroes blonds et chevelus n’existaient plus depuis la fin des années 70, la meilleure manière de corriger ces préjugés était d’aller voir et écouter jouer – en live – les Hollandais de DeWolff. Et ça tombait bien puisque, poursuivant leur tournée de promotion de leur nouvel album, numéro 1 aux Pays-Bas, ils étaient de passage ce mardi à la Maroquinerie… Une Maro bondée pour l’occasion, dans laquelle régnait l’euphorie générale des grands soirs. La scène est joliment décorée des murs au plancher de dessins reprenant la pochette du nouvel album du groupe, Love, Death & In Between.
Après qu’un DJ set des plus traditionnels (le maître de cérémonie officiant en tenue de cowboy de Las Vegas) nous ait abreuvés durant une petite heure de classiques blues, country, gospel, il est temps de passer aux choses sérieuses, et de célébrer le “pouvoir du rock’n’roll”. A 20h35, les deux frères Pablo et Luka van de Poel (respectivement guitare et chant, et batterie et chant) et leur copain Robin Piso (aux claviers), tous trois vêtus de beaux costumes noirs brodés, s’installent : ils sont accompagnés de deux choristes et d’un bassiste, et c’est donc dans ce format “full band” que la première partie du concert va se dérouler…
Un concert de DeWolff, c’est un festival de riffs de guitare et d’accords de Blues, sur des chansons que l’on peut guère que qualifier de “classiques” – même si ce sont des compositions du groupe : personne n’a aucun mal à en chanter les refrains, même à la première écoute, comme sur un Heart Stopping Kinda Show à la bonne humeur contagieuse. Au-delà de l’énergie naturelle dont témoignent DeWolff et de la virtuosité de Pablo à la guitare, on est époustouflés par ses performances vocales, sans négliger pour autant les interventions au micro de son jeune frère Luka, à la batterie. Tout cela est d’un très haut niveau, plein d’une véritable “soul” : il est difficile de ne pas se sentir emportés par cette musique chaude, excitante, mais aussi pleine d’émotions.
Sur les morceaux où DeWolff officient en format trio – donc sans la rondeur de la basse et le confort des backing vocals -, la musique semble devenir plus agressive, plus rêche, ce qu’on a même le droit de préférer. Sur Tired of Loving You, le groupe se lance dans son premier passage « improvisé », ou plutôt où l’on sort des rails de la chanson pour aller échanger avec le public des invocations soul / gospel, faire des démonstrations de virtuosité, etc. Le rituel du rock des seventies, si l’on veut, qui irrigue la musique de DeWolff. Sans doute pas ce qu’on préfère, ce délayage, mais c’est en tout cas très efficace en termes d’engagement des spectateurs…
Le set, de plus d’une heure quarante, en comptant un rappel d’un seul morceau (Rosita) transformé en très long medley, aura été occasionnellement affecté par de petits problèmes techniques (panne d’oreillette, câble défectueux, batterie qui avance toute seule sur la scène…), gérés avec efficacité et décontraction par les musiciens et leur équipe technique. Le son sera d’ailleurs absolument parfait tout au long de la soirée, même pour les premiers rangs, en dépit du volume sonore délicieusement élevé de l’ampli guitare. Pablo, en plus d’être un excellent chanteur et un guitariste virtuose, est un entertainer charmant, réussissant même à garder le sourire quand une spectatrice impudente du premier rang lui volait ses bières !
Si on a trouvé la manière qu’a le groupe d’étirer certains titres dommageables par rapport à la redoutable efficacité des autres morceaux, c’est là une petite réserve vis à vis d’un concert généreux, roboratif même… dont tout le monde est sorti heureux et gonflé à bloc !
Texte et photos : Eric Debarnot