David Brewis délaisse son frère Peter avec qui il forme Field Music depuis 2004 en nous enchantant avec un 1er album solo puisant son inspiration dans ce tout ce que la pop baroque anglaise nous a proposé depuis Colin Blunstone ou encore Nick Drake mais pas que. Précieux ouvrage.
David Brewis use sans doute de fausse modestie lorsqu’il dit à propos de la réalisation de cet album qu’il ne visait pas la luminosité d’Astral Weeks de Van Morrison ou l’apesanteur de One Year de Colin Blunstone. Et pourtant, dès le 2ème titre de The Soft Struggles, Surface Noise on croirait entendre un titre oublié de Nick Drake. Difficile de croire « que cet ensemble de chansons aille là où les musiciens et la situation les menaient » tant l’ensemble de ce disque est maitrisé harmoniquement et dans sa production. Nous sommes chez un orfèvre, tout est question de précision et même si une perle baroque présente des irrégularités. David Brewis n’a pas complètement abandonné son frère Peter puisque celui-ci a participé à l’enregistrement du disque à la batterie ainsi que Sarah Hayes au piano et à la flûte et Faye MacCalman au saxophone. Les enluminures baroques The Soft Struggles restent fraiches ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de musique précieuse…c’est sans doute lié à la méthode de Brewis qui a convoqué les musiciens : « Une feuille d’accords, des paroles, une brève discussion sur le tempo et puis, OK, camarades, on se voit de l’autre côté ».
Autant tout de suite prévenir les aficionados de Field Music, nous sommes ici loin de l’excellent Flat White Moon sorti en 2021. Comme l’explique David Brewis a contrario d’un disque de Field Music qui vise « une synthèse de tout qui nous intéresse à un moment donné », les projets hors de la sphère fraternelle doivent se concentrer « sur une seule chose, sur une palette particulière ».
Loin des influences XTCienne de Flat White Moon, Brewis use ici de couleurs jazzistiques : des cordes aux cuivres tempérés (saxophone) en passant les bois (clarinette). Start Over en est un exemple parfait et pourquoi ne pas citer aussi l’élégant Keeping up with Jessica qui flirte avec la bossa nova. J’allais oublier de mentionner la qualité du quatuor à cordes qui illumine certains morceaux.
Tout n’est ici que fragilité, la musique est à l’image des thèmes qui sont abordés, notre culpabilité face à nos atermoiements, It takes a long time, nos déceptions de ne pas avoir atteint les sommets que nous nous étions imaginés comme High Time et son intro très Liverpoolienne…
Alors oui, on ne rentre pas facilement dans un tel disque et même si Can we put in the diary qui ouvre The Soft Struggles est une véritable pépite…Je l’ai écoutée ad nauseam. Reste qu’il faut vous installer confortablement dans un fauteuil liberty avec un Oolong quelques scones pour déguster David Brewis et comme les grands crus de thé celui se révèlera après plusieurs infusions…
Éric ATTIC
David Brewis -The Soft Struggles
Label : Daylight Saving Records
Date de sortie : 24 février 2023