Renaud Nattiez reprend les critiques qui sont faites à Tintin, puis étudie les raisons objectives de défendre l’illustre petit journaliste.
Hergé a refusé que son héros lui survive. Or, il ne semble pas que sa popularité en ait été affectée. Au contraire, la rareté suscite de la valeur et de l’intérêt. Tintin fait vendre. Ne lui a-t-on pas consacré 600 livres ? Sans compter les numéros spéciaux de revues. Deux chiffres pour se rassurer : avec 260 millions d’albums vendus dans le monde dans une centaine de traductions, et 2 millions d’opus vendus chaque année, près de 50 ans après la sortie Tintin et les Picaros (1976), Tintin va bien.
Mais, que lui reproche-ton ? La faiblesse scénaristique des trois premiers opus, Hergé improvisait manifestement. Plus sérieusement, né en 1929 dans une revue catholique, Tintin est daté. Il est le fruit d’une époque désormais incompréhensible aux plus jeunes et donc déclaré surfait et ringard. Il est jugé « boy-scout » et, plus grave, politiquement incorrect. Les censeurs ont identifié des passages misogynes, antisémites, réactionnaires ou racistes. Soyons honnêtes, la plupart sont tirés des premiers titres. Le plus controversé est Tintin au Congo, qui a le mérite, si j’ose dire, de témoigner d’un état d’esprit objectivement colonialiste.
Tintin est un héros positif et sérieux. Courageux, loyal et désintéressé, il n’est pas drôle. Nous ne savons que très peu de choses sur lui. Cette surprenante indétermination jointe à un visage peu expressif facilite notre appropriation. Tintin seul serait ennuyeux. C’est dans les personnages secondaires, ses amis, ses adversaires et les figurants, que réside le génie d’Hergé et son humour. N’a-t-il pas créé des êtres inoubliables ? Le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, la Castafiore, Szut et Abdallah… Tintin est un personnage banal au quotidien commun dans un monde crédible, qui vit, ponctuellement, des aventures extraordinaires.
Tintin est le héros des enfants d’un temps donné. Pour l’aimer, il faut l’avoir lu enfant. Nous sommes nombreux à nous souvenir de la découverte du premier album. Pour moi, ce fut Le Crabe aux pinces d’or. Je l’ai lu, relu, puis oublié, pour le retrouver, plus tard, avec la même joie. Nous ne sommes plus quittés.
Mais, Tintin peut-il plaire aux jeunes actuels ? Un héros qui ignore tout du téléphone portable et d’Internet a-t-il de l’avenir ? Peut-il survivre à la disparition de la dernière génération contemporaine de son créateur ? La question est légitime. Peut-il devenir un mythe ?
Renaud Nattiez file une audacieuse comparaison avec Molière : « Comme les comédies d’intrigue de Molière, les récits d’Hergé sont des “aventures édifiantes“. » Tous deux traitent, avec un objectif moral, de façon comique de situations pénibles. Le second aura-t-il la destinée du premier ? L’avenir nous le dira.
Stéphane de Boysson
Moi foi plein de gamins adore sherlock ou harry poter et pourtant il n’y a dans ces histoires ni ordinateur, ni portable. Internet et autre modernité.
Donc tintin c’est pareil ça marche encore parce que c’est bon. Et il n’y a bien que les adultes que certaines scènes choques je ne me souviens pas étant enfant avoir eu un quelconque resenti de xénophobie ou de racisme
Et je ne le suis pas devenu.
Si on commence à gommer le passé parce que une minorité d’hysterique veut tout condamné, putain va pas rester grand chose ici bas… C’est gens sont des extrémistes qui refuse tout dialogues. Il faut les démasquer et les combattre…
Je partage pleinement votre avis, j’aurai bientôt 67 ans et mon premier Tintin c’était Le Sceptre d’Ottokar
J’ai toute la collection et ce n’est pas une minorité woke et déconstruit qui fera gommer le passé.