Les Sleaford Mods reviennent avec UK GRIM. Jason Williamson ne décolère toujours pas, Andrew Fearn a sophistiqué ses tempos basiques implacables. On y entend Florence Shaw de Dry Cleaning et tout le monde en prend pour son grade… Magnifiquement intègre !
Découverts, il y a longtemps, dans la regrettée émission Tracks sur Arte puis vus en concert à Pantin dans une petite salle où on retrouvait l’ambiance bordélique mais pleine d’énergie des concerts DiY de Suicide, les Sleaford Mods sont une des dernières répliques du séisme punk, ils sont en colère mais ne comptez pas sur eux pour avoir bonne conscience ! Ils sont désormais programmés dans tous les gros festivals… entre nous, quel intérêt d’aller écouter les deux joyeux drilles dans une jauge supérieure à 500 personnes ? Qui plus est, leur renommée leur assure une vie assez douce comme le confesse Jason Williamson.
Les grincheux diront que c’est toujours la même chose depuis 2007, et alors ? De plus, louons Andrew Bearn d’être allé au-delà de la page 4 du mode d’emploi de son home studio… et cela s’entend… bon il n’est pas encore au niveau de Pharell Williams… c’est aussi pour cela qu’on les aime. Lui-même déclare « Nous n’essayons pas de réinventer la roue, mais il faut continuer d’avancer ». J’ajouterai : « Qui n’avance pas recule » ce qui est démontré dans ce 12ème LP UK GRIM.
Il faut écouter les Sleaford Mods avec son Collins-Robert à portée de main et même si on n’y trouve pas tous les mots… ni les expressions employées par Jason Williamson. D’un autre coté, ses têtes de turcs n’ont guère changé… il ne s’épargne pas non plus dans une forme d’autodérision.
UK GRIM qui ouvre le disque avec un son électro rustique rappelant le Killing Joke des débuts revient sur la situation délétère au Royaume Uni « This is UK Grim Keep that desk area tidy Put in the bin », ce n’est plus Thatcher mais c’est du pareil au même. Pour être honnête, leur colère de saison nous parle quand même un peu… si vous voyez ce que je veux dire.
Sur DiWhy, Jason Williamson, s’en prend de manière très sarcastique à – on imagine – un de ses congénères (ou lui ?), artiste branché. Cela commence par le très drôle « Excuse Mate, you’ve just dropped out one of your tatoos » puis continuant à l’invectiver car il vend ses guitares sur Facebook et fait des playlists pour Fred Perry de conclure : « You’re not DiY, you’re a fuckin Twat ». Là aussi rien de bien nouveau… les Sleaford Mods n’aiment pas trop les réseaux sociaux (cf. Just Live We Do sur English Tapas). Sur So Trendy avec Perry Farell (de Jane’s Addiction) en guest, on imagine également que notre société digitale en prend pour son compte, il y est question de Face ID, de captures d’écran… mais on ne s’avance pas trop, tout ceci reste assez obscur… mais comme tout le reste du disque cela sonne et c’est du Sleaford Mods pur jus… chantez (éructez plutôt) après moi « So Trendy ».
Question propos obscur, une qui s’y connait également, c’est Florence Shaw des Dry Cleaning (scandaleusement absent de la plupart des palmarès des meilleurs disques de 2022), elle est invitée à chanter sur Force 10 from Navarone, je ne m’aventurerai pas à vous dire de quoi il est question mais j’insisterai juste sur le fait que les deux font la paire, tant la tessiture de Shaw et Williamson se répondent à merveille et tout cela sur un tempo entêtant.
I Claudius avec son beat crépusculaire nous prouve une fois de plus le talent des Sleaford Mods à brosser une Angleterre prolo sans aucune complaisance ni apitoiement, c’est en cela qu’il nous ramène à ces groupes de prolos punks des 70’s mais en ayant ingurgité une culture hip hop, électro et c’est ce qui les rend singuliers et inimitables (par leur personnalité également !).
Faut-il être en colère, punk nostalgique, accro au Collins-Robert ou obsédé par les paroles sur la pochette (old-fashion) afin de les traduire pour aimer UK GRIM des Sleaford Mods ? Rien de tout cela, écoutez plutôt cela à fond, enivrez-vous des 14 morceaux (dont aucun n’est à jeter), de la prosodie de Jason Williamson et des beats entêtants d’Andrew Fearn. Recommandé.
Éric ATTIC
Bonjour Mr Attic
J’apprécie votre style, j’apprécie les Sleaford mods, cependant soyons precis, ce n’est pas a Aubervilliers que ces deux garçons sont passés mais a Pantin, nous etions peu nombreux a les écouter.
Bravo pour le post
Je dois encore découvrir ce dernier album, du plaisir en perspective
Cher Monsieur Jacob, il n’est pas faux de dire que c’était à Pantin…la modification a été faite en ce sens. Merci pour votre commentaire