En 1991, le chef d’œuvre qu’était Blue Lines révélait au grand public les noms de Massive Attack et de Tricky. Mais la trajectoire de ce dernier, avant et après, reste finalement assez mystérieuse pour qu’on ait envie de s’y pencher avec ce Tricky, Antistar Superstar…
Peu de gens savent en France – même parmi ceux qui sont capables de placer Bristol sur une carte de la Grande-Bretagne – que ce port fut l’une des plus importantes plateformes mondiales de la traite d’esclaves, à laquelle elle a dû sa prospérité. Certains ont entendu dire qu’à Bristol, le mouvement #Black Lives Matter a été particulièrement suivi, et a provoqué une remise en question de ce passé honteux, qui s’est matérialisé par un renversement des statues des héros esclavagistes de la ville et un changement de nom de pas mal de rues, quartiers, musées, etc. Les mêmes auront lu que Bristol a mené et mène toujours la charge contre le Brexit et la dictature tory, la ville ayant vu son pourcentage de votes pro-européens dépasser celui de Londres lors du referendum de 2016 ! Par contre, parmi la minorité que constituent aujourd’hui les fans de Rock, tout le monde connaît Bristol, ville métissée et rebelle, patrie du trip hop, et d’artistes majeurs comme Massive Attack, Portishead et… Tricky…
L’essai de Florine Delcourt, rédactrice en chef de l’émission Ground Control sur Arte, consacré à Tricky s’ouvre sur une visite guidée de l’histoire et de la géographie (des quartiers) de Bristol : car comprendre la ville est essentiel pour appréhender les origines de la musique du « gosse difficile » (tricky kid, le surnom d’Adrian Thaw) qui devint une star dans la foulée du succès de Blue Lines, le premier album de Massive Attack, et qui a depuis passé son temps à tout faire pour prendre son public à rebrousse-poil et replonger dans un semi-anonymat.
Inévitablement, cette partie de Tricky, Antistar Superstar est la plus passionnante, elle est même indispensable pour revivre, mais aussi saisir dans toute sa complexité, cette période d’effervescence exceptionnelle de la fin des années 80 et du début des années à 90 à Bristol. On se régale des anecdotes sur la rencontre entre Tricky et Terry Hall (tiens, voilà un génie absolu, à notre sens bien plus brillant que Tricky, sur lequel plus de gens sérieux devraient écrire !), ou sur l’admiration que Bowie professait pour Adrian Thaw…
La suite du livre parcourt assez rapidement la carrière – et un peu la vie – chaotique de Tricky, et est nourrie de propos collectés dans les interviews qu’il a donné au cours du temps, sans parler d’analyses succinctes de ses albums. Très bien documentée, très complète, elle manque quand même d’une sorte de fil conducteur – mais la vie de Tricky n’en a clairement pas eu, de fil conducteur – qui la fasse s’élever au-dessus d’une simple chronique accélérée de faits et gestes.
Si l’on fait la fine bouche, c’est que la collection Playlist Society nous a habitués à des réflexions originales et parfois profondes sur les artistes et les œuvres qu’elle couvre, et que, cette fois, on reste souvent au niveau d’un excellent article de fond comme on en trouvait dans les Inrocks il y a plus de vingt ans ou dans Rock & Folk il y en a quarante.
Bref, voici un livre indispensable pour les fans de Tricky et probablement un peu anecdotique pour les autres. Mais sinon, Bristol, quelle ville !
Eric Debarnot
On retrouve dans ce livre des phrases voir des passages entiers empruntés (copiés sans même être cité) à la parution de 2016 EN DEHORS DE LA ZONE DE CONFORT .
Ce dernier est selon moi bien meilleur que cet essai.
Bonjour. Merci pour cette information.
Sans interêt, au moins la moitié du texte a tout simplement été copié du livre de Melissa Chemam « En dehors de la zone de confort de Massive Attack à Bansky » paru en 2016 …
Bonjour. Merci pour cette confirmation d’un message déjà reçu.