Thomas Legrain signe ce qui pourrait être un cross-over entre un Predador fantastique et La 317e section ou, pour demeurer sur des références plus contemporaines, Platoon.
Une escouade d’une dizaine de G.I. crapahute dans la jungle vietnamienne. Les hommes sont fatigués, les tensions s’exacerbent, les insultent fusent, le sergent peine à les calmer. Gare, les Viets ne sont pas loin. Soudain, le groupe se voit confronter à un adversaire rapide, implacable et inconnu. Vous devinez la suite. Tombé opportunément du ciel, un journaliste vietnamien originaire du coin leur apprend qu’ils ont pénétré sur le territoire du Latah. Selon une vieille et méconnue légende locale, le Latah devrait libérer toute la souffrance et la rage accumulées par son peuple.
S’il est un peu attendu, le scénario de Thomas Legrain est efficace et parfaitement construit. Les personnages sont bien écrits et leurs réactions logiques. Ils vont mourir, nous le savons, mais ils mourront avec plus ou moins de panache, plus ou moins d’empressement. Legrain alterne des passages explicatifs, avec de longues séquences silencieuses. On croit entendre et sentir l’approche des Skyrider, l’embrasement du napalm, le claquement des armes automatiques, le ruissellement de la rivière et le bruit sourd des rangers s’extrayant de la boue. Conformément au code du thriller horrifique, le fameux Latah se cache dans la forêt. Le temps s’est arrêté, les radios et les boussoles ne fonctionnent plus et les hommes tombent sans pousser un cri…
Latah est avant tout une réussite graphique annoncée dès la magnifique couverture. Si la jungle peut être belle, la guerre des hommes tue indistinctement soldats, femmes et enfants. Legrain ne recule pas devant la représentation de l’horreur. La colère des innocents et de la nature peut enfin jaillir, âmes sensibles détournez-vous.
Stéphane de Boysson
Latah
Scénario et dessin : Thomas Legrain
Éditeur : Le Lombard / Signé
118 pages – 23,50 €
Parution : 24 février 2023
Latah — Extrait :
