Ce lundi soir, les Psychotic Monks ont cueilli émotions et tourments, noyé nos angoisses et bouleversé nos sens à l’occasion d’une performance saisissante et attendue à la Maroquinerie.
Que ce soit après avoir entendu Pink Colour Surgery, dernier album en date, ou bien des échos des performances scéniques hors normes du groupe, le public était hier soir au rendez-vous, et toujours plus large, diversifié et bienveillant pour le concert sold-out des Psychotic Monks à la Maroquinerie. Plaisir partagé à l’unanimité de (re)trouver le groupe en grande forme.
On croit d’abord la scène de la Maroquinerie devenue planches de théâtre lorsque débarque sur scène, sans un bruit, un personnage excentrique, vêtu d’une robe et d’un masque d’oiseau, qui n’est pas sans rappeler celui que portaient les médecins aux heures sombres de la peste. En tout cas, l’allusion fait sens avec le nom du groupe missionné en première partie : Ok Plague. Annonçant l’atmosphère aussi sinistre qu’extravagante du duo à venir, le héraut masqué s’efface pour laisser place à Gaurmia au chant et Marc Lebruit à la batterie (MNNQNS, Unschooling). Un seul instrument rythmique donc, et pour le reste, il faudra compter sur des instrus préenregistrées délivrant un son techno, bruyant et pulsant. La chanteuse ne tient pas en place, se glisse à plusieurs reprise dans le public, prend au défi le premier rang, le tout en vociférant dans son micro. De son côté, le batteur fait s’abattre une pluie métallique incessantes en martelant sur des toms et des cymbales devenus barils et tôles. Musicalement, c’est frugal, et on a peu de fait marquant à se mettre sous la dent, mais l’énergie survoltée du duo a tout de même su trouver son public et faire monter la température pour la suite.
Au cœur du projet des Psychotic Monks : la bienveillance. Martin, l’un des guitaristes, invite avant que le concert ne commence au respect et à l’attention mutuelle, afin que chacun puisse vivre l’expérience qu’il entend ce soir-là, dans la fièvre des pogos ou bien dans celle de son introspection, car les Monks sur scène offrent quantité de possibilités aussi intenses les unes que les autres.
Un concert des Psychotic Monks est une danse à la fois sauvage, sensuelle et furieuse. C’est du moins le ballet dans lequel iels nous jettent d’entrée de jeu en conjuguant l’urgence de la techno et le fracas des guitares d’Artie et Martin. C’est Paul (basse/clavier) qui, le premier, s’empare du micro, mais que ce soit lui, Clément (batterie), Artie ou Martin, chacune des voix nous transperce. Surtout, ce groupe est décidément celui de quatre fortes individualités qui toutes portent l’ensemble. Les francs sourires de Paul sont diablement communicatifs, les duels entre les grattes d’Artie et Martin nous grisent presqu’autant que les rythmes impeccablement saccadés de Clément… en bref, difficile voire impossible de désigner une figure éminente dans la bande, même s’il faut avouer que Martin impressionne décidément sur la complainte angoissée de Décors. « What’s on the menu tonight ? » questionne-t-il tout en se tordant, la voix écorchée, les tempes transpirantes, tandis que corps et âmes en face se désinhibent pour partager une même transe.
Les Psychotic Monks font parfois baisser le volume, mais pas la tension. Il arrive que les chants se confinent, que les guitares se perdent en abstraction, que les baguettes de Clément deviennent caressantes, mais jamais, jamais ne se brise le fil tendu entre chacun des membres du groupe ou avec le public. Bien au contraire, c’est là que réside la fascination que l’on entretient pour des musicien.nes n’hésitant pas à se glisser dans une faille, mettant à l’épreuve nos plus intimes certitudes sur All That Fall, négociant des pentes raides en un accord, n’oubliant jamais de nous emporter avec eux dans une course aussi intrépide que réfléchie.
Les Monks nous prennent aux tripes, nous entrainent dans leur folie, et on s’y jette volontiers. On ferme les yeux souvent, pour se fondre absolument dans les flammes de cet enfer délicieux, on les ouvre parfois pour sublimer l’intensité du moment par la vue de ces quatre musicien.nes intimement dévoués à leur musique.
Le groupe conclut avec une longue digression non-linéaire qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière seconde. Tout y est. Chants déchirants, cordes embrasées, rythmes martelés, qui parfois font silence pour mieux resurgir avec une puissance décuplée. Mieux, des cuivres s’invitent à mi-chemin, dont une trompette qui n’est maniée par nul autre que Nils Bö (Cosse). C’est paroxystique, c’est d’une violence terriblement exaltante, si bien qu’on ne croit pas que ça s’arrêtera un jour.
Et pourtant, le concert sonne à sa fin, de toutes les émotions confiées ne reste que la joie d’avoir assisté à une si belle performance. Les Psychotic Monks nous remercient, autant qu’on souhaite les remercier, tant pour l’expérience qu’ils nous ont fait vivre que pour la singularité de leur musique de laquelle ils ne dévient décidément pas, pour notre plus grand bonheur.
Texte : Marion des Forts
Photos : Robert Gil
Bonjour, je ne partage absolument pas votre enthousiasme pour TPM et encore moins pour ce concert auquel j’ai assisté ! En effet il n’y a pas de compositions valables et c’est vraiment sans intérêt. Quant au côté bruitiste n’est pas My Bloody Valentine ou Sonic Youth qui veut ! En conséquence je trouve ce groupe largement surestimé et je vous le fais savoir. Quant à la première partie c’était du même acabit. Une soirée et deux formations à vite oublier. Zéro de chez zéro pour moi. Désolée…