C’est moins l’originalité qu’une certaine constance dans la rage et l’inspiration qui fait défaut à Blondshell sur son premier album qui vient de paraitre sur le label Partisan Records.
Au moment où j’écris ces lignes, un vague début de hype critique se dessine autour de Sabrina Teiltelbaum, alias Blondshell. Cette Newyorkaise de naissance installée en Californie a signé chez Partisan Records, le label de Idles et Fontaines D.C.. Elle loue ses groupes Brit-pop fétiches (Blur, Pulp, Suede, The Verve…) pour leur capacité à aborder des sujets tels que la défonce avec un emballage sucré.
Parce que certains des groupes mentionnés recyclaient le passé, on n’ira pas reprocher à Blondshell de se contenter de recycler le rock alternatif ricain des années 1990. Mais il y a des recyclages qui sont faits avec plus ou moins d’inspiration, plus ou moins d’énergie, plus ou moins de panache. La fougue, la frustration balancée en pleine gueule d’une artiste faisant son premier album, éléments qui compenseraient le manque d’originalité, répondent rarement présent.
Neuf titres, c’est bien quand tant d’albums font dans le remplissage. Mais seuls 4 titres (Veronica Mars, Salad, Sepsis, Joiner) sont marquants là où il en aurait fallu un peu plus pour faire un excellent premier album. Dommage car il y a quelque chose de plaisant rayon textes : une façon de parler de ses désillusions amoureuses avec les hommes avec lucidité, sans chercher à se donner le beau rôle. Veronica Mars justement, où la découverte du sex appeal de certains hommes toxiques s’accompagne d’une envie de faire table rase de ça par un gimme shelter (allusion à un concert des Stones déclencheur de sa vocation). Le « Look what you did you, made a killer of a Jewish girl » (Regarde ce que tu as fait, tu as fait d’une fille juive une tueuse) de Salad. L’incapacité à quitter celui qu’elle devrait quitter du « I’m going back to him, I know my therapist’s pissed » (Je retourne vers lui, je sais que mon psy n’est pas content) de Sepsis…
Mais ça ne suffit pas à rendre l’album mémorable.
Ordell Robbie