Deux nouveaux ajouts au catalogue déjà bien fourni des bootlegs de concerts du Loner désormais disponibles en « version officielle » : le premier est un enregistrement pirate d’un concert londonien de la tournée Tonight’s The Night de 1973, à la fois fameuse du fait de l’album majeur qu’elle supportait sur scène et infâme tant la détermination de Neil de jouer quasiment uniquement les nouveaux morceaux avait à l’époque irrité le public…
Somewhere Under The Rainbow est l’album le plus simple à décrire et donc à chroniquer des deux nouvelles parutions dans la collection « bootlegs » des Archives de Neil Young. Il a été enregistré le 5 novembre 1973, à Londres, durant la tournée Tonight’s the Night. Neil y est accompagné par les Santa Monica Flyers, soit le nom attribué à l’époque au Crazy Horse, auxquels étaient venus s’ajouter l’ami Ben Keith et sa pedal steel guitar, ainsi que le guitariste virtuose Nils Lofgren, qui intégrera officiellement le Crazy Horse bien des décennies plus tard.
Sans que cela soit une surprise, on y retrouve l’interprétation dans sa quasi-intégralité de l’album de Tonight’s The Night… mais dans des versions nettement moins intenses que celles que l’on a pu entendre dans le merveilleux Live at Roxy. Comme le son, pirate oblige, est également inférieur, il sera difficile de qualifier ce bootleg d’indispensable, voire même d’important. La reprise finale de Tonight’s The Night (Part II), étirée pendant douze minutes, n’est pas particulièrement électrique, et s’avère même presque ennuyeuse : un comble !
Par contre, les fans hardcore seront certainement intéressés par les 5 titres additionnels figurant ensuite sur le bootleg. Ils s’arrêteront avec plaisir sur une bonne version de Flying on the Ground Is Wrong, ainsi que sur l’interprétation touchante de Human Highway, qui était alors un quasi inédit, au moins aux oreilles du public européen. Pour le reste, le bilan est plus mitigé… Sur Helpless, on déplorera un étirement inutile de cette très grande chanson sur 9 minutes, qui ne lui apporte rien. Et il est difficile de ne pas reconnaître que la version de Don’t Be Denied est bien pâle si on la compare à la version déjantée et furieuse de Time Fades Away, tandis que l’interprétation ce soir-là de Cowgirl in the Sand est sans doute l’une des moins puissantes de cet immense morceau. Le Crazy Horse semble bien à la peine, et la chanson manque cruellement d’intensité.
Finalement, alors que nombre d’enregistrements de l’époque montrent un Neil Young ravagé par la colère et la douleur du fait de la mort de son ami Danny Whitten et du roadie Bruce Berry, et portant sa musique à des hauteurs stratosphériques, ce bootleg nous restituent un artiste plutôt laid back, qui semble même pas très concerné à certains moments…
Une déception donc pour la plupart d’entre nous, mais quand même une curiosité que les fans seront heureux de détenir pour compléter leur (déjà volumineuse) collection.
Eric Debarnot