Sur fond d’électro-rock magnétique, MadCalais, le second album de BAASTA! lâche des sons et des mots à exploser la baffle de leur ghetto blaster.
Les deux gars de BAASTA! aiment le nord. Normal, ils viennent d’Arras et considèrent le ghetto blaster nommé George comme leur compagnon de cuite. Ils font aussi une fixette sur le nord de l’Angleterre, plus précisément Manchester, dont ils ont détourné le Madchester en MadCalais. La cité ouvrière anglaise partage avec les Hauts-de-France un environnement fait de briques rouges et de pauvreté. François-Xavier Notel et Yoann Dirryckx de BAASTA!, aiment aussi le post punk et l’électro hédoniste drapés de noir.
BAASTA! use du français comme d’autre d’une serpette. Les mots claquent, dénoncent et font douter. Clairement hors zone de confort, le duo a fait appel à Pascal Gabriel pour la production de leur single Faites ce que je dis. Le producteur belge s’est distingué en participant à S’Express et a collaboré avec New Order ou encore avec Miss Kittin, de belles références…
Les dix titres qui composent Madcalais sont marqués par un son de basse vraiment énorme, tout en distorsion, qui peut rappeler Joy Division ou Ultra Vivid Scene. La boîte à rythmes est aux ordres, la guitare et les programmations claviers vont à l’essentiel et laissent le phrasé rapide prendre le contrôle des chansons.
Aussi, Tout va bien merci, Fiction Vérité et On a pas la carte survolent l’album. Rapides et sans fioritures, ces trois titres filent droits comme un crochet, altèrent la conscience facile et le consumérisme outrancier sur fond d’électro rock minimal à la Sleaford Mods. Tout comme le motorik Gardons l’élégance et Tout glisse sur moi, toutes guitares en avant qui s’effacent quand il le faut. Le chant, au croisement du rap et du slam, est revendicatif sans donner de leçon. Plus proche de NTM que des Béruriers Noirs, BAASTA! dépeint les situations et laisse leurs interprétations au bon soin de l’auditeur.
Le single Faites ce que je dis, plus produit et donc plus lisse, gagne en légèreté via une bassline entêtante et un refrain accrocheur aidés par une guitare aérienne qui fait le job. Plus anecdotiques, Tu veux le meilleur et J’ai pas compris enfoncent la basse dans une noirceur bienvenue dont le rythme Madchester rejoint la côte d’Opal en y perdant au passage un peu de folie.
To the north est la devise de BAASTA! dont l’ album MadCalais resonne autant qu’une vitre brisée à coup de briques… par George !
Mathieu Marmillot