Bonne nouvelle, Gilles Rochier et Fabrice Erre explosent en couleurs Les Trois Mousquetaires. C’est drôle et seulement en deux tomes !
Les années passent, l’ami d’Artagnan prend de l’âge. Le roman a été publié en 1844, sous la monarchie de Juillet. Alors que Martin Bourboulon s’évertue à relancer le mythe par son duo de films à grand spectacle, les éditions Casterman publient deux séries de deux tomes, un manga confié à la paire Cédric Tchao et Néjib et cet album franco-belge loufoque et ironique.
Le scénario de Gilles Rochier reprend les codes du Z comme Don Diego (déjà dessiné par Fabrice Erre sur un scénario de Fabcaro), un mélange d’humour bon enfant et franchement décalé, d’hommage lointain à une œuvre culte accompagné d’innombrables références à la pop culture contemporaine, de l’inévitable « Je suis ton père » au plus récent « C’est mon projet » présidentiel ! C’est ainsi que le grand Sergio Aragonès, le taulier du magazine satirique américain Mad, explosait, jadis, Star Wars.
Oubliez le sauvetage de la reine, l’histoire des ferrets et la trépidante course poursuite entre la France et l’Angleterre, cet album est un recueil de gags articulé autour d’un sale gosse – vous aurez reconnu d’Artagnan – baratineur, rappeur à ses heures et banlieusard néophyte, confié à trois solides et flegmatiques anciens. Vous découvrirez Alexandre Dumas en plein travail, tandis que le cadet, qui n’est manifestement plus de Gascogne, s’initie la vie de caserne. Les quatre mousquetaires s’ennuient ferme, rigolent et, de temps à autres, affrontent les sicaires du Cardinal et de sa fatale espionne.
Le jeune d’Artagnan aspire à la gloire et à la réussite. Fabrice Erre est aux crayons. Son dessin précis aux « gros nez » fait souvent mouche. Ses personnages sont ronds et bien croqués. Ces mousquetaires sont expressifs, drôles et relookés, dès le début de l’album, par un précurseur lointain de Karl Lagerfeld.
Les débuts du gamin seront laborieux. Oubliez néanmoins les sages lenteurs du roman initiatique, les jeunes lecteurs sont pressés. Pour être savouré, l’album nécessite néanmoins de connaître les fondamentaux du roman. Même si c’est un peu long, lisez ou relisez Dumas !
Stéphane de Boysson