Les Éclats – Bret Easton Ellis : Une jeunesse dorée dans les 80’s

Bret Easton Ellis nous replonge dans le Los Angeles de son adolescence, pour nous raconter la vie d’une bande de lycéens désœuvrés et fêtards durant l’été 1981. Un roman addictif où il est question de sexe, de drogues en tout genre et de meurtres en série.

Bret Easton Ellis
© Casey Nelson

Bret Easton Ellis n’avait pas publié de roman depuis 13 ans, autant dire que la sortie de son nouveau livre, Les éclats, constituait l’un des événements majeurs de cette rentrée littéraire de ce début d’année 2023. Auteur culte pour des romans tels que Moins que zéro, ou encore American Psycho paru en 1991, Bret Easton Ellis a su, dès ses premiers livres, capter l’air de son pays, raconter l’Amérique contemporaine comme nul autre avant lui. Après avoir sorti un essai en 2019, intitulé White, l’auteur de Glamorama revient cette fois avec un nouveau roman fleuve dans lequel il montre qu’il n’a rien perdu de sa verve, de son ironie, et du style qui a fait son succès jusqu’alors.

Les ÉclatsAvec les éclats, Ellis nous livre un de ses récits les plus romanesques qui soit. À la fois thriller et roman d’apprentissage, ce livre dans lequel la paranoïa est présente de bout en bout, évoque le passage de l’innocence de l’enfance à la dure réalité du monde adulte et qui s’inspire en partie des souvenirs de l’auteur dont l’enfance a été marquée par les meurtres de Charles Manson et des tueurs en série semaient la terreur dans le Los Angeles dans les années 70.
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Un récit dans lequel l’auteur se met en scène alors qu’il est étudiant à Los Angeles en 1981 et qu’il travaille sur son premier roman, Moins que zéro. L’action se situe sur quelques mois à peine, et notamment durant la période estivale, alors que Bret, âgé de 17 ans, se retrouve seul à la maison. Issu d’un milieu aisé, comme la plupart de ses amis de lycée, Bret roule dans une belle voiture, a une piscine et une employée de maison. Pour tuer le temps et calmer ses névroses, avec ses amis, il organise des fêtes, consomme énormément de tranquillisants. Mais la vie de ces jeunes va se trouver bouleversée quand débarque dans la ville un certain Robert Mallory. Un garçon beau et mystérieux auquel on découvre un passé psychiatrique. Il n’en faut pas plus pour que Bret imagine les pires choses à son sujet, d’autant qu’un tueur en série baptisé le Trawler sévit dans les rues de Los Angeles, tuant des jeunes femmes dans des mises en scène macabres.

Est-ce que Robert Mallory a quelque chose à voir avec ce serial Killer ? C’est la question qui taraude Bret ainsi que le lecteur durant les 600 pages que dure le roman.

Nous voilà donc embarqués dans un formidable page-turner dans lequel se succèdent confessions intimes, scènes de sexe explicites, moment de vie d’une jeunesse dorée et mal dans leur peau ne pensant qu’à la baise, l’alcool et la drogue… Tour ça sur fond de références à la pop music de l’époque et au cinéma du Nouvel Hollywood. Car Bret Easton Ellis, en plus d’être un raconteur d’histoire hors-pair, est également une mémoire vivante sur le cinéma et la musique du tout début des années 80. Autant dire que certains vont y retrouver des références très parlantes. Ainsi, se succèdent au fil des pages, les noms de Billy Joel, Duran Duran, Billy Idol, Blondy, Devo, ou encore Depeche Mode, mais aussi Joan Didion ou Stephen King, pour la littérature, De Palma ou Kubrick pour le cinéma. Chaque nom cité dans le livre renvoie à une chanson qui correspond à un moment précis de l’histoire, montrant à quel point la culture a toujours été très présente dans la vie de Bret Easton Ellis.

Haletant, ponctué de scènes incroyables qui paraissent si réalistes, mais aussi de passages parfois un peu redondants ou longuets, Les éclats est un livre d’une grande efficacité, dans lequel on plonge tout entier pour revivre cette époque, à déambuler aux côtés de Bret sur Mulholland Drive, à écouter de la variété californienne, à frissonner de terreur, à se repaître de ces histoires croustillantes et vénéneuses vécues par ces adolescents tous accros au sexe, à l’alcool et aux drogues.

Benoit RICHARD

Les Éclats
Roman américain de Bret Easton Ellis
Traduction de Pierre Guglielmina
Editeur : Robert Laffont
616 pages – 26 euros
Date de parution : 16 mars 2023