Artiste anglaise pluridisciplinaire, Nabihah Iqbal s’offre une thérapie musicale avec Dreamer. Intimiste, et explorant la dream-pop et la house-music, ce second album a été principalement composé au Pakistan durant le confinement. Et le résultat est juste magik.
Nabihah Iqbal est entre autres, dj, musicienne, animatrice radio et performeuse britannique. Proche du burn-out et suite au cambriolage de son studio d’enregistrement londonien, elle se rend au Pakistan au chevet de son grand-père. Là-bas, elle y compose plusieurs titres, aidée d’une guitare acoustique et d’un harmonium. De retour, elle peaufine et spatialise ses compositions lors de différentes villégiatures. Proche de la dream-pop et de la house- music, les dix titres que composent Dreamer, forment un kaléidoscope introspectif. Guitare, sitar, claviers, tambourin et instruments électroniques font bon ménage, les voix aériennes s’ornent d’une douce mélancolie.
L’album se partage en deux. Soit des titres plus indies et d’autres plus électroniques. En introduction, le superbe In Light fait échouer des vagues synthétiques sur du sable modulaire dans lequel, quelques accords cristallins viennent rendre l’âme. Des voix aériennes se fondent dans un bourdonnement rythmique, une ritournelle en apnée célèbre le beau. Plus en verve, This Word Couldn’t See Us laisse filer la basse, la guitare neo-wave et la voix en mode narratif embrassent des claviers aussi classes que chez The Wake. Enjoué, Lilac Twilight se fend d’une guitare electro-acoustique qui se décuple en accords infinis pour une cérémonie expérimentale.
Des chœurs mystiques posent l’ambiance et le tout s’emballe dans un spectre psychédélique et répétitif. Retour à la pop intimiste avec Sweet Emotion, dont le chant se répand sur de beaux accords d’harmonium. Les strates sonores d’A Tender Victory se perdent avec passion dans un shoegazing acoustique. Les voix empilent les accords de guitares recadrés par un beat minimal et une basse mélodique. Plus anodins, Dreamer et Close Lover laissent les guitares mener le bal, la voix s’emmitoufle dans une épaisse couche d’effets et donne tout son sens à la dream-pop. Coté électronique, Sunflower convoque harmonium et beat house, le chant quelque peu désabusé se pose dans une ambiance de chill-out. Une basse pop pérennise le groove et en fait un titre parfait à écouter au Café Del Mar de San Antonio. Electro à tous les étages, Gentle Heart s’est apprêté pour une bedroom party. Nabihah Iqbal raconte des histoires en voix off et se laisse déborder par les émotions avant que les séquenceurs acid s’emparent du thème et transforment le dancefloor en cocon. Toujours orienté clubbing, Sky River laisse les claviers rebondirent dans un brouillard où il fait bon se perdre. D’immenses nappes de synthés ramènent la mélodie à bon port comme le faisait feu Andrew Weatherall.
En dix titres, Dreamer nous fait glisser dans l’intimité de Nabihah Iqbal pour une pyjama party réservée aux initiés.
Mathieu Marmillot