Stéphane Piatzszek associe la biographie d’un pionnier de l’ethnopharmacologie, un documentaire sur la médecine traditionnelle à un hommage discret à Jean-Marie Pelt, le fondateur de la discipline.
Toute sa vie, ce pharmacien et fils de pharmacien a sillonné la planète en quête de plantes médicinales. Partout Jacques Fleurentin a tenté de gagner la confiance des guérisseurs traditionnels afin qu’ils lui transmettent leurs connaissances, alors même que ce savoir ancestral était en danger. Il est menacé non seulement par la déforestation et la réduction de la biodiversité, mais aussi par le succès de la médecine chimique. Or, si les guérisseurs ne trouvent de successeurs, leurs savoirs disparaitront avec eux.
Si l’aventurier a identifié des plantes et les a ramenées en France, le chercheur les a ensuite étudiées en laboratoire. Ainsi, il a découvert que 80 % d’entre elles obtenaient des résultats conformes aux promesses des guérisseurs. Alors que l’efficacité des molécules chimiques baisse et que l’augmentation des dosages accroit les effets secondaires indésirables, ne tenons-nous pas dans cette improbable alliance de la rigueur scientifique occidentale et du savoir traditionnel empirique les médicaments du futur ?
Tout en suivant, peu ou prou, la vie de Fleurentin, le scénario de Stéphane Piatzszek nous initie aux beautés discrètes et mystérieuses du monde végétal. Il nous rappelle que les scientifiques estiment que sur les 250 000 espèces de plantes qui couvrent la planète, seules 1 % ont été réellement étudiées.
Le dessin aquarellé de Benoît Blary réussit particulièrement bien aux gros plans de plantes médicinales, que l’on pourrait croire tirés d’antiques herbiers, et aux paysages sauvages et ensoleillés.
Les plantes rares vivent cachées. Fleurentin est allé les traquer au fin fond des déserts et aux sommets des montagnes. Si l’album vous épargnera les aléas physiques de ces périples au long cours, ce voyage littéraire est agréable et sa véritable héroïne, la nature, en sort magnifiée.
Stéphane de Boysson