Avec son addictif l’Agent Seventeen, qui recycle de manière redoutablement efficace une histoire largement rebattue, John Brownlow s’impose comme une nouvelle valeur sûre du « polar de gare »… En attendant une inévitable adaptation en série TV ?
L’agent Seventeen (17 : Last Man Standing en V.O.) est le tueur le plus efficace que son organisation – mystérieuse – met à la disposition des services secrets les plus offrants, avec la garantie que « ses contrats » seront remplis à la perfection, sans aucune anicroche. Mais un jour, lors d’une mission impromptue à Berlin, les choses dérapent et l’intouchable, l’invincible 17 dévoile une faiblesse inattendue… Pour regagner la confiance de son employeur, il va devoir accomplir ce que lui seul est capable de faire : retrouver et exécuter l’ex-agent Sixteen (16), auquel il a succédé et qui a disparu un jour de la surface du globe…
Le thème de l’agent secret, ou du tueur à gage – toujours implacable, quasiment invincible et donc mythique dans sa profession – qui se retrouve piégé à son tour, et doit comprendre par qui et pourquoi, est désormais l’un des moins originaux qui soit. L’agent Seventeen est un mélange de John Wick et de Jason Bourne, et il faut bien reconnaître que le livre de John Brownlow contient finalement peu d’éléments renouvelant le thème. Mais est-ce vraiment le but de Brownlow ? On en doute encore en refermant le livre, après 500 pages pleines de bruit et de fureur, de tension et d’émotions extrêmes, de révélations et de coups de théâtre : car L’agent Seventeen est l’un de ces incroyables « page tuners » que les auteurs anglo-saxons publient désormais à un rythme effréné, et qui diffusent un indiscutable plaisir – addictif qui plus est – chez le lecteur. Aucune raison de se plaindre, donc…
… et ce d’autant que Brownlow a la plume habile, virtuose même parfois, mêlant humour et efficacité avec un brio pas si courant que ça. Pas le genre de livre écrit par une A.I… même si son sujet et son scénario pourraient l’avoir été, quant à eux… L’introduction est hilarante et terriblement habile, et les premiers chapitres sont absolument passionnants.
Ce n’est qu’au fur et à mesure que l’action progresse, de plus en plus violente, de plus en plus frénétique, de moins en moins réaliste aussi, que le lecteur risquera de décrocher, saturé qu’il est de scènes spectaculaires, de cliffhangers, de tout ce qui ressemble finalement à un roman déjà tout prêt à être adapté en série TV par Netflix ou Prime Video (le fait que Brownlow travaille occasionnellement comme scénariste pour la télévision n’est sans doute pas étranger à cette impression). Cette légère déception pourra être accentuée par le manque de clarté de Brownlow quant aux enjeux géopolitiques (qui se trouvent finalement un peu trop facilement résolus) et à la fameuse manipulation ayant eu lieu à Berlin.
Bref, on aura compris que L’agent Seventeen est un roman d’espionnage et d’action irrésistible, mais qu’il ne laissera pas un souvenir impérissable. Un excellent compagnon de voyage (en train, en avion…), excitant et divertissant, mais rien de plus que ça. Mais comme Brownlow nous promet une seconde saison, pardon, une suite, il semble bien que l’objectif de l’auteur ait été atteint.
Eric Debarnot