Chaque jour, durant tout le Festival de Cannes 2023, on fait le point avec notre rédacteur (Sergent Pepper) sur les films présentés en sélection officielle, mais aussi sur ceux sélectionnés dans les sections parallèles : Semaine de la Critique, Quinzaine des cinéastes, Un certain regard…
Comme l’an passé, on va suivre durant une dizaine de jours le marathon cinématographique de notre Sergent, courant de salle en salle pour voir les films présentés dans les différentes sélections du Festival, et ainsi découvrir le lendemain matin ses impressions à chaud. Au programme du jour : un militant d’extrême gauche face à la justice, une adolescente inquiétante en Malaisie, un été d’enfance au Cap-Vert, une scolarité difficile au Japon et des mutations animales chez les humains.
Le Procès Goldman de Cédric Kahn
On ouvre le bal avec Le Procès Goldman de Cédric Kahn, en ouverture de la Quinzaine des cinéastes. Formidable parti pris, a priori radical, consistant en un huis clos relatant le procès (réel) d’un militant d’extrême gauche clamant son innocence face à l’accusation d’un double meurtre. Aucune musique, un format en 4/3, et l’unique attention portée à la parole, pour une immersion impressionnante dans la question cruciale du témoignage, brassant toutes les questions politiques et idéologiques des années 70, en écho criant avec notre époque. Une formidable leçon de mise en scène et de direction d’acteurs. (Sortie le 27 septembre).
Tiger Stripes d’Amanda Nell
La Semaine de la critique s’ouvre avec Tiger Stripes d’Amanda Nell, premier film venu de Malaisie. Une adolescente assiste à la mutation de son corps, mais cette puberté pourrait bien se mêler avec une métamorphose bien plus radicale, aux abords d’une jungle où rôdent quelques démons… Entre TikTok et le folklore local, face à une institution et des figures parentales déphasées, la jeunesse va devoir trouver son propre chemin. Un premier film un peu bancal dans son rythme et son découpage narratif, mais audacieux, sincère et vigoureux.
àma Gloria de Marie Amachoukeli
Un formidable et tendre récit initiatique d’une enfant de 6 ans rejoignant, pour un été, sa nourrice partie retrouver sa famille au Cap-Vert. C’est juste, finement écrit, d’une immense tendresse pour les personnages, assorti de séquences d’animation favorisant cette caméra à hauteur de l’enfance, ses rêves, ses confusions et ses espérances. Vive recommandation ! Sortie le 30 aout 2023.
Monster de Kore-eda
Le cinéaste, déjà présent l’année dernière avec l’oubliable Les bonnes étoiles, se concentre à nouveau sur des enfants, pour un récit très ambitieux qui, en trois segments, va visiter trois points de vue venant corriger le précédent, à la manière de Rashomon. L’exercice de style s’avère assez stérile et gratuit dans son milieu, mais prend toute sa force émotionnelle sur le dernier chapitre, où le cinéaste déploie son talent sur des thématiques nouvelles et d’une grande justesse.
Le Règne animal de Thomas Cailley
Le film fait l’ouverture de la section « Un Certain Regard » avec un réalisateur qu’on n’avait pas revu depuis Les Combattants il y a près de dix ans. Son nouveau projet est un drame de science-fiction, dans un monde où une épidémie voit les humains muter en animaux. Un film très audacieux, qui parvient avec un rare sens de l’équilibre à mêler drame, thriller, comédie et récit initiatique (et d’étonnantes similitudes, sur certains points, avec le Tiger Stripes évoqué plus haut). Paul Kircher y est parfait, et le rythme très bien tenu sur ses 130 minutes. Une belle surprise, à découvrir le 4 octobre 2023 en salle.
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