Après le film et la BD humoristique, le manga ! Soucieux de créer une œuvre populaire, Alexandre Dumas aurait probablement aimé voir son roman adapté de la sorte.
Le scénario de Néjib reprend, en deux tomes, les grandes lignes du film de Martin Bourboulon. S’il conserve les héros et les premiers chapitres des Trois Mousquetaires, il doit composer avec un format relativement court. Alors, il développe une intrigue associant guerres civiles et religieuses, passions amoureuses et esprit de vengeance, sans oublier une bienvenue pincée d’humour et une Milady de Winter plus belle et plus cynique que jamais. L’histoire diffère de l’œuvre originale, mais elle conserve l’esprit « mousquetaire » de Dumas, le travail est méritoire.
Vous connaissez le pitch initial. Nous sommes en 1627, un cadet désargenté de Gascogne monte à Paris dans le fol espoir de prouver sa valeur au monde. Il compte s’engager dans l’armée du roi Louis XIII, si possible dans les fameux mousquetaires. L’ombrageux jeune homme défend successivement une belle inconnue, poursuit son agresseur, bouscule trois hommes et, au lieu de s’excuser, accepte autant de duels avec Athos, Porthos et Aramis, les plus fines lames du pays. Les futurs amis se réconcilieront quand ils seront, à leur tour, défiés par la garde du sombre cardinal de Richelieu, qui, sous peine de mort, a interdit les duels. Dumas semble défendre cette pratique archaïque qui décimaient la noblesse.
Cédric Tchao livre un véritable shonen français qui, reprenant les folles mimiques des personnages de One Piece ou de Dragon Ball, ravira les nombreux amateurs du genre, notamment les plus jeunes. Le dessin est soigné, les décors suffisants et les cadrages inventifs. Les héros sont juvéniles et très expressifs. On y parle fort peu, mais on s’y défie longuement en se lançant des regards très méchants, avant de s’élancer en bondissant, la main sur l’épée ou le mousquet. Bien travaillés, les combats sont passionnés, les épées s’entrechoquent frénétiquement et le sang finit par couler. L’histoire est passablement complexe, mais cet opus devrait constituer une bonne introduction au film, mais aussi, espérons-le, au roman initial.
Stéphane de Boysson