2ᵉ album de Westerman après Your Hero Is Dead, An Inbuilt Fault manque singulièrement de personnalité malgré la production de James Krivchenia de Big Thief. A trop vouloir s’inspirer de ses mentors musicaux : Arthur Russel ou Mark Hollis (pour les meilleurs), Will Westerman s’enlise dans un soft rock sans âme.
Comme les premières mesures de Idol ; RE-run, le laissent croire, vous n’êtes pas en train d’écouter Big Thief, ni Bon Iver, ni CSN&Y comme les vocalises suivantes le laissent imaginer mais bien le 2ᵉ album de Westerman. C’est sans doute ici le défaut majeur de An Inbuilt Fault : où est la singularité, où sont les aspérités ? Certes, Will Westerman est présenté, ici où là, comme un « soft-rock innovator » mais nous sommes quand même à des encablures du génial Arthur Russel que Westerman singe éhontément sans y ajouter le moindre twist qui éveillerait notre intérêt.
Pour des raisons qui m’échappent, le soft-rock, depuis quelques années, a connu un retour en grâce chez les amateurs « pointus » de rock, les mêmes qui avaient passé leur jeunesse glorieuse à le conchier. Je me suis ainsi vu acheter des Fleetwood Mac (voire le plus recommandable Tood Rundgren) en vinyle… je n’ose même pas imaginer les lazzis de mes congénères de l’époque si je m’étais fait chopper avec Rumours ou Something/Anything dans ma besace. Nous n’en sommes pas encore à glorifier Supertramp (quoique les surestimés casqués bêtassons l’aient déjà fait) mais le danger guette… Bref, le mainstream vintage devient tendance… allez chercher à comprendre !
Commençons par la pochette : est-ce une copie (citation) colorisée (par Joni Mitchell ?) de l’album de Peter Gabriel sorti en 1980, c’est en tout cas ce qui m’a sauté aux yeux, c’est sans doute à rajouter à la longue liste d’influences de Westerman mais à trop être influencé, on en oublie de créer, une production soignée ne fait pas un disque (Mark Hollis était un producteur / compositeur hors pair, car il savait nous étonner et séduire mélodiquement à chaque mesure).
Si vous aimez l’eau tiède, que vous ne savez pas quoi mettre quand des gens que vous connaissez assez peu dînent chez vous et que vous voulez faire « genre j’écoute de la musique que personne ne connait, mais qui ne dérangera ni notre conversation ni votre mastication » ce disque est fait pour vous !
Will Westerman est anglais et vit à Athènes, il a sorti son premier disque You Hero Is Not Dead en plein confinement, il n’a pas pu le défendre décemment et celui-ci n’a donc pas trouvé son public. Pour Inbuilt Fault il a confié la production à James Krivchenia de Big Thief, on se doit de reconnaître la sophistication de l’ensemble, notamment sur A Lens Turning, un titre qui sort clairement du lot (s’il vous faut en écouter un, c’est celui-ci). Pour le reste, nous mentionnerons que Take est le croisement d’un morceau d’Arthur Russel et d’un extrait de l’immense Spirit of Eden de Talk Talk mais à quoi bon perdre son temps à écouter des ersatz plutôt que les originaux ? Que Idol, Re-run est une chanson à propos de l’envahissement du Capitol par les trumpistes (bâillements), que CSI, Petralona nous décrit une balade amoureuse dans un quartier d’Athènes (re-baillements) et vous saurez presque tout sur cet album qui comporte 9 titres et dure 44 minutes…l’avantage, c’est que si jamais vous vous êtes endormis dans les premières 38 minutes l’intro du dernier titre Pilot Was A Dancer viendra un peu vous réveiller… mais pas brusquement n’exagérons rien.
En résumé : à quoi bon tout cela ?
Éric ATTIC