[Cannes 2023] Les films du jour #9 : Vers un avenir radieux, Rien à perdre, Perfect Days…

Au programme des films du jeudi 26 mai 2023 à Cannes, on trouvera un petit Nanni Moretti, encore Virginie Efira, des toilettes japonaises filmées par Wim Wenders et du fantastique contemporain avec le réalisateur de Shéhérazade.

Vers un avenir radieux, de Nanni Moretti

vers un avenir radieux

Un film qu’aucun comité de sélection digne de ce nom n’aurait pu approuver… Qui se souvient du déjà très médiocre Tre piani en 2021 ne sera cependant nullement surpris. Deux scènes résument à merveille le film, dans lequel Moretti incarne un cinéaste : alors qu’il vient de crier « Action » à l’équipe focalisée sur un couple de comédiens, il reste dans le champ. Dans une seconde, il interrompt le tournage d’un autre film et disserte pendant des heures, provoquant l’endormissement consterné de tous les collaborateurs. Voilà. Sortie le 28 juin.

Rien à perdre, de Delphine Deloget

Rien a perdre

Virginie Efira y incarne une mère dont le second fils est placé en foyer, et qui va se battre pour en récupérer la garde. Inutile de développer les qualités toujours foudroyantes du jeu de la comédienne ; la grande intelligence du film réside dans la justesse de ton et la profonde ambiguïté du portrait proposé, le spectateur oscillant constamment entre l’empathie, le sentiment d’injustice et les réserves quant à certains des éléments clés de la situation. À ce titre, entendre une salle de 1000 personnes applaudir avec jubilation un coup de boule asséné à une assistante sociale, pour maladroite qu’elle soit, avait quelque chose de profondément gênant, et témoigne de l’importance à nuancer et témoigner de la complexité inhérente à ce type de problématiques. Sortie le 22 novembre

Perfect Days, de Wim Wenders

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Voici la nouvelle livraison d’un auteur, autrefois, parmi les plus grands, et dont on a perdu le fil des longs métrages de fiction depuis près de 20 ans. Les débuts mettent le festivalier en fin de course à rude épreuve, puisqu’on y suit un vieil homme nettoyer les toilettes publiques de Tokyo dans une routine muette qui ferait passer Tsai Ming-Liang pour un réalisateur de Fast & Furious, le tout avec l’habituelle compil rock du réalisateur (Patti SmithLou Reed, les KinksVan Morrison…), qui plus est fredonnée (faux) par ma voisine qui semble avoir confondu une salle de 1500 places avec sa douche. Et pourtant, force est de l’admettre, la magie finit par surgir, au détour de rencontres, de superbes plans de la ville et de quelques menus drames sur l’intimité d’un ermite, maintenant dans la mégapole moderne la mélancolie d’un autre temps. Sortie le 29 novembre

Salem de Jean-Bernard Marlin

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Jean-Bernard Marlin, réalisateur né à la Semaine de la critique en 2018 avec l’intense Shéhérazade dont il reprend les codes (une sorte de Roméo et Juliette des quartiers de Marseille), mais en lorgnant cette fois du côté du fantastique en entremêlant les questions psychiatriques, les hallucinations et le phénomène des guérisseurs. L’ensemble peine malheureusement à convaincre : le casting d’amateurs, malgré quelques fulgurances, est inégal, l’écriture est à la peine entre redondances et passages obligés, et la perfusion du sacré alourdit un sujet qu’elle était censée porter vers le sublime. Restent quelques intenses séquences, des corps magnifiés et un vrai talent pour saisir la vibration nocturne de la cité phocéenne. Sortie le 30 aout.

Plus de détails sur le Journal du festivalier du Sergent Pepper