Boostée par une équipe de jeunes acteurs formidables, la nouvelle série policière de Canal+ se révèle plutôt convaincante mais pas exempte de défauts, proposant une première saison avec 8 épisodes nerveux et rythmés.
B.R.I., la création originale Canal+ sortie en ce printemps 2023, nous invite à pénétrer au sein d’une Brigade de répression et d’intervention pour suivre le quotidien de ces flics luttant contre les gangs et tentant de déjouer les attaques à main armée. Autant dire que la série de Jérémie Guez et Erwan Augoyard nous promettait pas mal d’actions. Mais est-ce pour autant suffisant pour faire une bonne série ?
Si le pari n’est pas totalement réussi, on peut affirmer malgré tout que B.R.I., est une série qui mérite le détour. D’autant que cela démarre sur les chapeaux de roues avec deux premiers épisodes tendus et haletants, laissant augurer une série dans la lignée du Bureau des légendes auquel on aurait ajouté une bonne dose de polar à la française façon Engrenages. Deux premiers épisodes qui nous font entrer de plain-pied au sein de cette équipe de jeunes flics composée de quatre hommes et d’une femme, dirigée par une cheffe assez distante incarnée par Emmanuel Devos dans un rôle assez inhabituel pour elle. Cette unité d’élite de la police judiciaire va tenter durant huit épisodes de mettre un terme aux agissements de deux bandes rivales.
Une bande de jeunes flics plein de testostérone, toujours prêt à en découdre, formidablement incarnés par Sofian Khammes (l’inoubliable « Poutine » dans Le Monde est à toi), troublant de réalisme, mais également Théo Christine, repéré dans Suprêmes, le film sur le groupe NTM en 2021, ou encore Rabah Nait Oufella qui jouait le rôle de l’écrivain antisémite dans Arthur Rambo de Laurent Cantet. A leurs côtés, on retrouve Waël Sersoub moins connu, mais aussi Ophélie Bau, repérée il y a quelques années, dans le sulfureux Mektoub, My Love de Abdellatif Kechiche. À noter aussi la présence de Bruno Todeschini, moins convaincant dans un rôle moins facile, celui d’un flic proche de la retraite qui entretient des rapports troubles avec le milieu.
Du côté des méchants, le rôle principal est tenu par Vincent Elbaz qui incarne un chef de gang gitan. Sans aucun doute, le gros point faible de la série, à cause d’un accent ridicule et d’un jeu pas toujours convaincant, donnant souvent plutôt envie de rire qu’autre chose.
Dommage, car pour le reste, la série tient la route, proposant des épisodes la plupart du temps sans temps mort, avec à la clé de belles scènes de filature dans les rues de Paris, des discussions tendues entre flic et truands, mais aussi quelques interventions musclées joliment mises en scène.
Et même si B.R.I. n’a pas la subtilité et la finesse d’une série comme Le bureau des légendes, elle reste néanmoins un divertissement tout à fait correct, qui a le mérite de montrer comment des jeunes issus des cités de banlieue peuvent trouver leur place au sein des forces de l’ordre… quitte, par moment, à se retrouver, en porte-à-faux avec leurs familles et leurs amis, les obligeant parfois à des choix cornéliens et à mentir à leurs proches.
Benoît Richard