Spider-Man: Across the Spider-Verse régale en appuyant sur l’accélérateur de la frénésie visuelle du premier volet. Il contient hélas sa part de réchauffé Marvel et a des airs de long teaser du volet suivant.
Alors que Marvel et ses formules essoufflées brident la créativité du cinéma populaire américain contemporain, Spider Man : New Generation avait incarné une bienvenue bouffée d’air frais. Cette version animée du mythe repeignait l’homme-araignée aux couleurs de l’inclusivité, du street art, d’un score hip hop bien utilisé (Juice WRLD, Vince Staples…). Et surtout d’un style visuel éclaté assumant sa filiation avec la bande dessinée (split screen, écran découpé façon planches de BD, bulles…). Un dessin animé américain se rapprochait de la démarche vue au Japon du côté du studio Gainax (Gurren Lagann) et du Studio 4C (Mind Game). La fan service Marvel habituel était présent mais le multiverse était, ce qui n’est pas toujours le cas, bien employé dans le scénatio comme un questionnement de l’identité de l’homme-araignée.
Sa suite Spider-Man: Across the Spider-Verse était donc forcément attendue au tournant. D’un point de vue visuel, elle met les bouchées doubles par rapport au premier volet : moments avec un style de dessin croquis, couleurs et cadrages évoquant l’esthétique du Studio 4C, clins d’œil à ce que mode et publicité ont récupéré de l’esthétique du punk ainsi qu’au street art, écran découpé façon cases de bande dessinée, frénésie de la mise en scène et des changements chromatiques… Un régal visuel vu ces dernières années plus souvent du côté de la Japanime que d’Hollywood. La scène du Musée Guggenheim et celle située dans une république de Bombay sont, entre autres, de vrais morceaux de cinéma d’action. Sauf que le plaisir éprouvé n’est pas dénué d’une semi-déception. Le fan service est encore plus présent, l’usage du multiverse relève cette fois du pilotage automatique, les passages obligés du récit de coming of age manquent d’incarnation. Il y a surtout un effet Avatar 2 bis, celui d’un volet de transition semblant d’abord conçu pour préparer le volet suivant de la série. Là où un Kill Bill Volume 1 avait raconté la naissance d’une figure vengeresse de sang froid avant de faire son cliffhanger, la fin de ce volet a un goût de vous venez de voir l’introduction, revenez au prochain épisode.
Du coup demeure l’impression d’avoir assisté à une belle bande annonce de deux heures vingt. Mais cela reste toujours mieux que bien des Marvel live récents.
Ordell Robbie