Avec Les disparus de Blackmore, Henri Loevenbruck nous offre un récit romanesque et plein de charme dans lequel un duo d’enquêteurs tente de percer les mystères d’une île touchée par d’inquiétantes disparitions.
Le récit débute quand Lorraine Chapelle, une jeune femme intrépide, débarque un beau jour sur l’île de Blackmore, une île Anglo-normande où elle vient retrouver un certain Sir Ronald Waldon dont la petite-fille a disparu. Il faut dire que Lorraine fait partie des premières criminologues françaises et semble donc toute désignée pour mener l’enquête. Dès son arrivée sur l’île, elle fait la connaissance d’un personnage tout aussi singulier, portant moustache en guidon de vélo et parapluie à la main. Son nom, Edward Pierce. Un gentleman détective dont le travail consiste à résoudre des énigmes en lien de près ou de loin avec les choses inexplicables. Lui est venu rendre visite à son vieil ami, le père Molloy. Après s’être jaugé mutuellement, les deux personnages au caractère bien trempé vont se lier d’amitié et vont comprendre très vite que leurs enquêtes respectives semblent reliées.
Sur cette ile peu accueillante, des autochtones disparaissent de manière inexpliquée, laissant la police bien incapable de les retrouver.
Dans un premier temps, plutôt mal reçu par les autorités locales, Lorraine et Edward vont, par leur ingéniosité, leur sens de la déduction, et leur perspicacité, se rendre totalement indispensables pour tenter de déjouer la malédiction qui frappe l’île de Blackmore. Au fil des chapitres, ils vont aller de découverte en découverte, et entraîner le lecteur dans une épopée feuilletonesque assez irrésistible.
Car l’auteur a réuni ici tous les ingrédients pour faire de ce roman un joli succès de librairie, mettant en scène deux personnages aussi improbables qu’impayables dans un huis-clos plein de mystère. Un roman qui rappellera certains récits de Maurice Leblanc ou de Gaston Leroux, avec une dimension fantastique qui nous ramène du côté de la littérature de Lovecraft. Mais en tout cas rien à voir avec les romans d’Agatha Christie auxquels on a fait allusion ici ou là. Ici, on est véritablement dans un esprit feuilletonesque, un peu dans l’esprit de la série d’Eric Fouassier, Le bureau des affaires occultes.
Quoi qu’il en soit, Henri Loevenbruck a trouvé le parfait équilibre entre enquête policière, fantastique et même un brin de romantisme, pour imaginer une intrigue qui vous tient en haleine du début à la fin, dans un style littéraire très classique, où des expressions délicieusement désuètes, (l’histoire se déroule en 1925) du style « cornebidouille », « foutredieu » où « saperlipopette » viennent souvent ponctuer les dialogues.
Bref, un roman extrêmement divertissant, richement documenté, bien construit, avec une atmosphère sombre très soignée, dans lequel l’auteur montre un certain intérêt pour l’occultisme, mais sans en abuser. Malgré quelques passages un peu tarabiscotés, on retombe sur ses pattes à la fin du livre et l’on espère retrouver notre duo d’enquêteurs dans une nouvelle aventure, espérons-le, tout aussi palpitante que celle-ci.
Benoit RICHARD