Âgé de seulement 19 ans, Blaise Pruvost a marché durant 6 mois, seul, vers Compostelle. Dix ans après, il nous raconte cet extraordinaire voyage qui l’a transformé.
Janvier 2013, Blaise Pruvost a 19 ans et est en conflit avec ses parents. Muni d’un sac trop lourd sur les épaules et de seulement 400 euros, il abandonne ses études et sa copine. À pied et en plein hiver, il part pour Saint-Jacques-de-Compostelle. Deux copains l’accompagnent la première semaine. Ils l’empêcheront de renoncer, comme lors de sa première tentative.
Dix ans après, c’est un véritable dessinateur qui prend le temps, avec cette première belle et longue bande dessinée, de nous raconter son voyage. Il nous livre les meilleurs moments de de sa marche au cœur de l’hiver, puis du printemps suivant. Blaise a musardé, il n’arrivera pas à Saint-Jacques. Après six mois d’errance, il rentrera à Paris en train. Marqué et grandi par l’épreuve, il s’y découvrira différent.
Ce n’est pas un journal au sens habituel du terme, mais une série de rencontres, toutes plus improbables les unes que les autres. Sur ce fameux Camino où tant de nos contemporains marchent, chacun se livre facilement, que ce soit le temps d’une halte ou celui d’une journée de marche. Les barrières sociales disparaissent et les confidences fusent. Si le jeune et naïf Blaise est souvent perdu ou apeuré, le Blaise actuel, celui qui dessine, s’attendrit et raconte avec humour. Vous aimerez l’avocat pressé et ambitieux, le gourou et ses adeptes, le clochard ou le collectionneur. Il n’y a pas que les marcheurs, il y a aussi ceux qui finissent par se poser, pour faire durer le voyage en regardant passer les marcheurs. Et, puis, il y a tous les autres, ceux qui n’ont jamais marché, mais qui accueillent avec curiosité le pèlerin ou observent avec méfiance le vagabond.
Le crayonné en noir et blanc, sans délimitation de cases, confie une belle impression de liberté à son propos. Le tracé est rapide, comme saisi au vol. Certaines proportions semblent hasardeuses, mais l’ensemble est plaisant et les expressions justes. Quelques pages oniriques brisent la monotonie de la marche et des rencontres, par nature éphémères.
Le pèlerinage de Blaise était plus spirituel que religieux. Le jeune homme, qui n’a rien oublié, reconnaît être revenu transformé. Nous n’en saurons pas plus, mais ses questionnements, ses découvertes et ses rêves résonneront longtemps en nous après la fermeture de l’album.
Stéphane de Boysson