Bloqué dans une faille temporelle située au début des 80’s et féru de cryogénisation sonore, Ritual Howls s’inspire autant du goth, du rock’n’roll que de l’indus sur son nouveau disque Virtue Falters. Pour le meilleur et pour le pire.
Virtue Falters est déjà le cinquième album des Américains Ritual Holws. On y retrouve tous les éléments du style dark, à savoir une voix grave qui fout les jetons, des ambiances sombres aux basses et guitares qui tabassent et des programmations belliqueuses. Le trio est allé au plus profond de lui-même et a exploré ses zones tourmentées avec appétence. Tout cela en musique. Les codes étant déjà bien balisés, Paul Bancell (chant et guitare), Chris Samuels (synthés et machines) et Ben Saginaw (basse) n’avaient qu’à suivre les ombres déchirées qui filent à la Goth Night du Leland City Club de Detroit, ville d’origine de Ritual Howls.
Des huit titres qui ornent l’album, My Trash Mind gagne haut la main un ticket d’entrée avec une conso. Un hommage funèbre et obsédant qui partage avec Miami, le second album du Gun Club, un goût immodéré pour le goth-hillbilly. La guitare traine ses riffs fantomatiques avec brio, P.Bancell hante ses parties de chants comme s’il espérait un ticket avec Patricia Morrison, muse de tout batcave qui se respecte. Sans compter sur le presque dark-pop Kneel For Instruction, au son plus brute mais câliné par de soyeux synthétiseurs, parfait pour un rendez-vous romantique. Les boots à sangles en cuir connaissent le chemin du fond de salle.
On peut compter sur Dark Ceiling In Tennessee pour espérer emballer les notes noires outre-tombe. Le chant sépulcral mixe un Elvis d’alcôve à Andrew Eldritch de Sisters Of Mercy, les musiciens enfoncent le clou sans pâlir mais avec force caricature. L’espoir est entretenu par Goodnight Reason qui résonne comme une lettre d’amour dont la plume est remplacée par un séquenceur crooner. La suite est plus compliquée. Barely A Shadow et Tomb Room brillent par un classicisme à se faire éjecter fissa du club. Et ce ne sont pas les quelques trouvailles électroniques qui viendront les sauver. Humiliation et Cauterize My Eyes ont beau s’exciter comme des diables, menacer le portier mélodique à coup de kick rageur, rien n’y fait. Ils manquent cruellement de nuances.
Malgré la présence de quelques étoiles filantes, Ritual Howls laisse un goût trop prévisible et codifié.
Mathieu Marmillot