Ilan Klipper signe une comédie fort sympathique, mais inconsistante (le film ne brille ni par sa mise en scène purement fonctionnelle, ni par son écriture sans surprise), sur les affres du couple et du devoir conjugal.
Qui dit processus de paix, dit combat d’abord. Dit la guerre. En l’occurrence celle du couple, celle dans le couple. Ici c’est entre Marie et Simon qu’elle a lieu, ensemble depuis une dizaine d’années, deux enfants, qui s’aiment encore, mais qui s’engueulent, souvent, beaucoup, tout le temps. Alors comment qu’on fait ? Comment qu’on s’y retrouve ? Comment on se retrouve ? Pour son nouveau long métrage co-écrit avec Camille Chamoux, Ilan Klipper est parti de ce (terrible ?) constat que, « dans un monde déjà assez dur et où tu aspires à un peu de calme en rentrant chez toi, la guerre continue à la maison avec celui ou celle qui partage ta vie ». Et en trouple, je vous en parle même pas…
Bref, pour remédier, croient-ils, à cet épineux problème, Marie et Simon rédigent, avec pas mal de verres de vin dans le nez, une « charte universelle des droits du couple » censée poser quelques règles essentielles à la bonne entente et au bon fonctionnement de celui-ci (du moins le leur). OK dans la théorie, mais à voir dans la pratique, et puis à voir tous les jours. Surtout qu’autour d’eux, c’est autant de conceptions du couple (et de l’amour) qui se confrontent et qui s’imposent, entre une mère qui trouve que vivre avec la même personne pendant des années est une névrose, une sœur qui divorce (un bon divorce vaut mieux qu’un mauvais mariage, assène-t-elle comme si de rien n’était) et des amis qui ont leurs propres trucs et astuces pour maintenir la flamme.
Klipper ne cherche jamais à rendre sa problématique de départ trop lourde, ni à en faire un dossier de société plombant, y préférant fantaisie et bonne humeur (on sent tout le monde super décontracté, heureux d’être là, en particulier Damien Bonnard, génial en papa poule un peu ours) pour tenter d’ausculter les affres du devoir conjugal. Sauf qu’entre fantaisie et inconsistance, il n’y a qu’un pas (un gouffre ?), et Le processus de paix l’est, inconsistant, ne brillant ni par sa mise en scène (du purement fonctionnel), ni par son écriture sans surprise ou réduisant les personnages, si l’on excepte Marie et Simon, à des figures stéréotypées (on aura droit à tout : la cougar qui ramène tout au cul, le patron relou qui parle franglais, le stagiaire fuckable, la mère hyper libérée, la sœur et le beau-frère gentils mais envahissants). On résume : inconsistant donc, mais léger, mais plaisant, mais aussi vite oublié que vite vu.
Michaël Pigé