Rencontre avec le groupe pop-rock Pales, auteur d’un EP 5 titres bourré d’énergie, paru fin 2022, quelques mois avant leur passage au printemps de Bourges.
Pales c’est Célia au chant, Antoine et David aux guitares, Basile à la basse et Sacha à la batterie. Un groupe qui nous a offert un (mini) album, 5 titres à peine, mais plein d’une énergie et qui faisait tellement de bien qu’on a eu envie de le dire, et aussi d’échanger avec le groupe. Et de les connaître… Surtout après leur passage au printemps de Bourges !
Benzine : Comment vous-êtes vous rencontré(e)s? Et depuis quand jouez-vous ensemble?
Pales : Nous nous sommes rencontrés autour d’improvisation en période de couvre-feu en début 2021. De ces jams, plusieurs morceaux ont été composés. Le premier single, Get Out, enregistré en DIY dans une cave à Strasbourg a été publié le 19 mai 2021, signant le début de PALES. On a autoproduit notre premier EP – In Our Hands ? – qui est sorti en novembre 2022
Benzine : Racontez-nous la sortie de l’album et son accueil, êtes-vous content de ce que vous avez fait ?
Pales : On a l’album sorti dans un concours de circonstances, entre notre entrée à la Pépinière de l’Espace Django et la MaMA Convention. Il est venu confirmer les bons échos que nous avions obtenus à la suite de nos premiers concerts. Nous voulions être le plus transparent et brut possible, nous avons donc tout enregistré en prise live dans une seule pièce au studio La Turbine à Niefern. Nous aurions beaucoup de choses à redire, mais nous apprenons à l’aimer tel qu’il est, comme une photographie sonore de la genèse de Pales.
Benzine : Comment travaillez-vous ? Collectivement ? La musique d’abord ou les textes ? Les concerts vous aident-ils à faire évoluer vos morceaux ?
Pales : Nous créons des morceaux ensemble à partir d’improvisations. La composition instrumentale vient avant le chant, ce qui permet à Célia d’écrire les textes en s’inspirant de l’ambiance musicale. Nous sommes avant tout un groupe de live et il nous paraît crucial de tester les nouvelles tracks en concert pour se rendre compte de l’impact ou non du morceau sur le public. Cela nous permet aussi de ressentir plus pleinement le morceau, si l’alchimie prend forme comme elle se faisait pressentir dans nos esprits et en répétition. En fonction de ces sensations, nous sommes amenés à modifier des parties, changer des passages, revoir les intensités, etc. Cet aller-retour est un point de référence important et cela nous amène à être patients, attentifs et humbles sur ce que nous produisons. Il ne s’agit pas de composer une œuvre parfaite, mais de composer une œuvre qui soit la plus vraie, en phase avec ce que nous voulions retranscrire en elle.
Benzine : Votre musique est pleine d’une énergie folle, dans ma chronique, j’avais dit que votre album donnait une pêche pas croyable. C’est une musique aussi faite pour être écoutée en live. Les lives sont-ils des moments importants pour vous?
Pales : Le live est l’instant idéal pour faire vivre notre musique, dans l’énergie et l’interprétation que nous y mettons. Aucun groupe ne souhaite rester enfermé dans sa cave à composer hors du monde et des autres. La scène est l’espace le plus propice à l’expression musicale, corporelle et émotionnelle. On se donne naturellement à chaque concert, c’est inscrit en nous et l’effet est immédiat. On souhaite partager cela avec le public, c’est notre envie la plus forte de réussir à créer un moment où on plonge tous ensemble dans cette énergie.
Benzine : Et donc, est arrivé le Printemps de Bourges. C’était votre premier Printemps, n’est-ce pas? Et votre premier festival?
Pales : Oui, c’était la première fois pour nous aux Printemps de Bourges, mais nous avions déjà fait quelques festivals importants auparavant. Nous avions joué au Décibulles, au Cabaret Vert et au MaMA en 2022.
Benzine : Pouvez-vous nous dire comment cela se passe, une candidature et puis la sélection?
Pales : Tout commence par une inscription en ligne auprès de l’antenne Alsace des Inouïs du Printemps de Bourges, ensuite par un appel, deux mois après, de Ben, programmateur à L’Espace Django, nous annonçant notre sélection pour les auditions régionales. Lors de cet événement à Strasbourg, on partage la scène avec quatre autres artistes Alsaciens. À l’issue de cette soirée, un jury composé d’acteurs des musiques actuelles délibèrent et choisissent un ou deux projets à mettre en avant pour la délibération nationale à Paris.
Pales – In our hands : une énergie salutaire et enthousiasmante
Benzine : Comment avez vous attendu la nouvelle (anxieux ou pas)? Et comment l’avez-vous apprise et reçue?
Pales : Sans aucune pression, Les Inouïs du Printemps de Bourges n’est pas une fin en soi. C’est certes un dispositif de repérage important, mais qui n’est pas fatalement vital pour progresser dans ce milieu-là. Nous avons appris la nouvelle quelques semaines après les auditions et peu avant l’annonce officielle. C’est Ben de Django qui nous a informé de notre participation à Bourges par téléphone. On a tout de même été fiers de la nouvelle, à la fois pour l’esthétique rock que l’on porte et de tout le travail que l’on a fourni dans le projet pour l’emmener le plus loin possible.
Benzine : Et quand vous apprenez que vous allez participer au printemps de Bourges, vous vous préparez beaucoup ? Plus que d’habitude ?
Pales : Nous avons fait une résidence de quatre jours à l’Espace Django pour peaufiner des détails techniques, mais pour nous le set était solide et représentatif de ce que l’on voulait montrer de PALES. Je ne pense pas qu’on a cherché à préparer une échéance importante, mais plus saisir l’occasion particulière pour partager fièrement notre musique.
Benzine : Le premier jour, vous arrivez à Bourges. Qu’est-ce qui vous marque? On doit sentir une atmosphère très particulière? Est-ce qu’on ressent beaucoup d’excitation à être là? Excitation chez les autres groupes qui sont là? Est-ce qu’il y a des groupes que vous connaissiez? D’autres que vous aviez très envie de voir?
Pales : On a joué le mercredi 19 avril, c’était la première journée des sessions Inouïs 2023. Une partie du groupe était déjà présente trois jours avant le début du festival. Célia, David et Antoine sont arrivés à Bourges dès le premier jour pour commencer la “classe verte”, le programme de formation du dispositif Inouïs. Cette “classe verte” permet un tour d’horizon de l’écosystème des musiques actuelles, des acteurs et des institutions qui en font partie. Ce sont des informations denses qui nous ont permis de porter à notre connaissance nos droits, les possibilités de développement d’un projet et les ressources à notre disposition. C’est comme un retour sur les bancs de l’école avec l’atmosphère d’une colo de vacances. Des rencontres se font, on apprend tous à se connaître, à écouter les musiques de chacun, à poursuivre aux apéros. Il y a une ambiance bienveillante qui se crée entre les artistes, ce fut très naturel entre nous tous.tes. Nous avons écouté KIPLAN avant de venir, car il nous intriguait et était dans notre catégorie, mais nous avions hâte de découvrir chacun des groupes rencontrés durant la colo. On a été agréablement surpris de la diversité musicale.
Benzine : En une semaine, on doit assister à pas mal de concerts aussi. Si oui, lesquels ? Et quelles autres activités pendant tout ce temps ?
Pales : Oui, beaucoup. La journée, on essaie d’assister au maximum aux concerts des artistes des Inouïs pour les soutenir, sinon on se repose au jardin Spotify, on discute et prend l’apéro à la Prairie. Le soir, on va écouter les groupes sur le festival. On a notamment fait toute la soirée “rock” avec Ado Oda, Lambrini Girls, DEADLETTER & les Psychotic Monks.
Benzine : Le concert en lui-même, pouvez-vous en parler? Combien de morceaux avez-vous joués? Uniquement les morceaux déjà sortis? Est-ce différent d’un concert hors festival? Comment avez-vous trouvé le public ?
Pales : Le format 30 minutes peut paraître contraignant, mais il faut y voir une opportunité de dévoiler “l’essentiel” de notre format et de nos compositions. Nous avons joué cinq morceaux dont trois nouveaux. On a voulu faire le lien entre l’EP et le nouvel horizon esthétique vers lequel on se dirige. C’est un cadre particulier, le public étant majoritairement constitué de professionnel (bookeur.euse éditeur.rice, programmateur.rice), on a senti une écoute plus attentive et statique que d’habitude. On a réussi à passer outre, il ne s’agissait pas pour nous de les conquérir, mais d’être nous-mêmes. La présence des autres Inouïs a permis de casser cette retenue et de se rapprocher d’un concert vivant.
Benzine : Satisfaits du concert ? Contents de ce que vous aviez fait ?
Pales : Oui, c’était un très bon concert. Il ne s’agit pas d’évaluer nos prestations à chaque fois, encore moins dans ce cadre. On sait ce que l’on fait, on se fait confiance et faire vivre notre musique sur scène est notre seule envie.
Benzine : Le lendemain, envie de recommencer ? Ou plutôt envie de se détendre ? Et de profiter du reste du festival ? Comment se passent les derniers jours ?
Pales : On n’attend que ça de recommencer, toute notre énergie et notre inspiration sont dédiées au groupe ! On a pu débriefer entre nous, rencontrer des personnes qui ont apprécié notre concert, avoir des retours constructifs. Le lendemain, on est quand même plus détendus et on profite pleinement du festival jusqu’à la fin.
Benzine : Et maintenant, la suite ? Un album en préparation ? D’autres concerts et d’autres festivals en vue ?
Pales : On rentre dans une phase de réflexion sur la suite du projet. On a besoin de temps et de calme pour préparer au mieux ce que l’on aimerait faire, mais un nouvel EP est dans nos esprits. On constitue notre entourage professionnel pour évoluer plus sereinement et faire les bons choix aux bons moments. Pour les concerts, nous serons le 22 juin à la Grenze à Strasbourg en première partie de MNQNNS, au festival de la Douve Blanche à Egreville le 7 juillet puis à Châlons-En-Champagne pour le festival Musique d’Ici et d’Ailleurs le 14 juillet.
propos reccueills par Alain Marciano