Difficile d’espérer du professionnalisme des Black Keys plus qu’un « bon concert », ce qui n’est déjà pas si mal, mais ils nous avaient réservé pour cette soirée au Zénith une jolie surprise finale…
Pourquoi évoquer les deux groupes faisant l’ouverture de ce premier des deux concerts parisiens des Black Keys sachant que – honte à moi – je n’ai pu être en temps et en heure que pour le second ? Déjà parce que ces choix participent du capital sympathie des Black Keys. Un segment habituellement réservé aux artistes débutants est ici dévolu à deux groupes indie, et n’ayant pas pu prendre comme le duo d’Akron le train de la gloire. D’abord les (pas vus) Shannon and the Clams, au premier album datant de 2009, mêlant entre autres garage rock, rhythm’n’blues, influence des Girls Bands… et à l’avant-dernier album produit par le guitariste/chanteur des Black Keys, Dan Auberbach.
Et surtout les Texans de Spoon, dont le premier EP date de 1994… et qui disposent dans la rédac’ de quelques ardents défenseurs (coucou Alain et Mathias, vous être l’autre raison de ne pas zapper les premières parties dans ce compte-rendu). Pour un set bref mais couvrant les 20 dernières années de leur carrière. Qu’ils reprennent Lennon (ici Isolation), lorgnent vers le rock classique ou le psychédélisme, il y a toujours le même ton (légèrement distancié) et la même raideur rythmique New Wave. Un groupe qui fait juste ce qu’il faut sur scène, de l’attitude sans surjouer. Un concert excellent, même s’il aurait plus convenu à une salle plus petite (et du coup on se met volontiers dans les starting blocks au cas où le groupe se produirait de nouveau en France). Le concert dit aussi en creux ce qui leur a manqué pour dépasser le statut de groupe qui a bonne presse – une paire d’albums encensée par Pitchfork, entre autres – : un grand riff, un morceau hymne qui aurait pu leur donner la gloire ou les faire atterrir sur une BO d’une sympathique comédie zombie hollywoodienne au casting aux petits oignons.
Puis ce furent les Black Keys, duo artistiquement dans l’impasse depuis le succès mérité de la paire Brothers / El Camino. Dont le second titre fut justement leur Your Touch ayant trouvé asile sur Bienvenue à Zombieland. Avec d’abord une première singularité pour ceux qui, comme moi, ne les avaient jamais vus live : la batterie de Patrick Carney située au bord de la scène. Aveu involontaire du fait que la taille basketteur de Carney, son allure de nerd de teenage movie hollywoodien des années 1980, et l’énergie qu’il déploie baguette en main font de lui la vraie attraction scénique du groupe ? Carney et Auberbach devant, donc, et le reste du groupe à l’arrière.
De vagues pastiches de cinoche expérimental newyorkais sixties furent projetés sur l’écran, n’apportant pas grand-chose. En revanche, le light show semblait là pour mettre en valeur les solos de guitare d’Auerbach. Mission accomplie, ce dernier étant alors applaudi tel le Clapton du hipster. Auerbach se rendait sympathique en ne se prenant pas au sérieux, en ne cherchant pas à être la rock star qu’il n’est pas. Ne pas viser le grand concert, juste interagir ici et là avec Carney, remercier les premières parties et lancer quelques appels du pied au public. La setlist couvrait les deux décennies d’activité du groupe, même si avec 6 titres, Brothers se taillait la part du lion.
Jusqu’au rappel, ce concert était le genre de concert ne suscitant ni haine ni enthousiasme, une parfaite définition de l’expression faire le job. Mais lors des rappels le groupe amena une petite cerise sur le gâteau électrisant le public du Zénith : un Beck venu reprendre avec le groupe son classique emblématique des 1990s, Loser, avant de duettiser sur l’hymne survolté Lonely Boy. Pas suffisant pour faire un grand concert mais assez pour laisser un bon souvenir.
Texte : Ordell Robbie
Photos : Do Riane (The Black Keys) / Aurélie Faure (The Black Keys) / Robert Gil (Spoon)
C’est le type d’événement qui me ferait sortir de ma cambrousse pour gagner la capitale.
Spoon + Black Keys m’auraient déjà régalé mais en ajoutant Beck, j’aurais peut-être versé une petite larme ou exulté, qui sait ?
Bravo pour l’article. Bises à Benzine.
Cédric
Merci pour ce commentaire. Bonne continuation.
Article totalement défaitiste : on a pas du voir le même show.
C’était grandiose. Si longtemps qu’ils n’étaient pas venus en France et ils nous sortent pépites sur pépites.
Après la foule parisienne est comme à son habitude, très molle, sans énergie. C’est donc basé sur l’ambiance de la foule que vous avez du écrire votre article car la prestation était clairement sublime.
Les deux concerts vus avant les BK étaient… les deux concerts du Boss. Autant dire que la barre était haute pour m’impressionner. Je reconnais ceci dit l’excellence des choix de la setlist. Et puis le coup de tonnerre Beck bien sûr. Et aussi la fait que c’est la première fois qu’une première partie (Spoon) me fait autant plaisir que le groupe principal. De plus c’était mon premier concert des BK. Sur ce que vous dites du public parisien des concerts rocks je ne ferais pas comme vous de généralités. J’ai quelques exemples de publics parisiens en feu lors de concerts récents (AC/DC, le Boss, Shame, Suede…)
Au contraire, j’ai trouvé la foule très enthousiaste voire même en fusion à certains moments alors que – je suis assez d’accord par rapport à l’article – c’était un bon show, sans être délirant, surtout du fait que ça retombait entre chaque morceau avec une pause et lumières éteintes. Et c’est surtout sur la fin, même un peu avant le rappel que ça s’est enflammé. Un bon moment et un bon souvenir quoiqu’il en soit.
oui totalement d’accord avec toi, c’est le compte rendu d’un bobo parisien repus jusqu’au raz de la gueulle d’évènements et qui ne sait pas apprécier les choses de qualité
Ce concert était Génial ! bien mieux que ce que j’aurais pu imaginer.
étant Fan du groupe depuis leurs débuts.
leur interprétation de Little Black Submarines était monumentale, et a permis de voir qu’il n’y avait pas que des fans dans la salle vu que beaucoup ont cru que le morceau s’arrettait. Mais quand les guitares sont reparties ce fut un veritable orgasme collectif.
Everlasting light en solo guitare-voix un exercice périlleux mais parfaitement réussi. Et un Wild Child signe de la capacité de ce groupe à continuer à sortir des tubes intemporels.
Beck à fin c’était vraiment cool aussi, vu dans la meme salle il y a une dizaine d’année. ça bouclait la boucle d’une soirée unique
Ni haine, ni enthousiasme ? Était-on au même endroit ?
Cet article n’est a mes yeux pas représentatif de ce concert qui a quand même été sacrément qualitatif à bien des égards. C’est vraiment tout ce que vous avez trouvé à dire ?
La seule chose sur laquelle je semble tomber d’accord avec vous est le fait que la foule parisienne peut être molle (et ne connaît pas les paroles de rien la majorité du temps) et encore, pas toujours, pas tout le temps.
pfueee ce commentaire sur ces deux groupes et leur prestation lundi soir….
si je reprend vos remarques à leur encontre et en fait une parabole….
je dirais que vous n’avez pas eu en tant que journaliste le prix Pulitzer et vous ne l’aurez jamais et vous le savez….
et vous n’avez pas encore écrit le papier qui fait date pour être publié dans Le Monde ….
Bonsoir, moi je trouve le compte rendu de l’auteur correct par contre les commentaires de JPB complètement nazes !
Je ne suis pas sûr que vous ayez besoin d’être défendu. Néanmoins, de lire que même sur un site profondément généreux comme le vôtre, animé gratuitement, la jalousie, la violence des mots et la bêtise de certains guettent néanmoins.
Benzine est pour moi une source intarissable de bons sons à écouter, de séries et films à regarder. J’en fais une petite lecture quotidienne avec toujours d’un côté un dose de waouh pour le travail accompli toutes ces années et la peur que cela puisse s’arrêter, surtout avec ce genre d’agressions gratuites certainement difficiles à accepter.
C’est le blog d’une équipe, le regard de ses membres, et fort heureusement, tout ce qui est dit peut ne pas plaire à tout le monde, n’est pas forcément consensuel, et c’est aussi pour cela qu’on peut en faire la lecture.
Longue vie à Benzine,
Cédric
Merci Cédric, ça fait un immense plaisir ce commentaire, par ailleurs plein de bon sens !
Je ne suis pas vraiment d’accord avec cet avis, je trouve qu’ils ont mit le feu au zénith l’enchaînement Lo/hi et howlin for you était incroyable ! Gold on the ceilling lancé très tôt à ravi les fans qui les ont connu grâce à el camino, l’ouverture avec I got mine à ravi les fans qui se sont mis à chercher d’autre chansons du groupe ayant découvert el camino .
Ils ont assumé leurs albums et nous ont offert une vraie panoplie de leur talent, que dire de weight of love, véritablement inattendu de cette set list, une preuve de plus qu’ils assument toutes leurs chansons !
Beck je m’en fous j’aurai préféré un autre titre de leur répertoire mais ça n’engage que moi …
Ils ont fait le job certes, mais le public aussi et cette alchimie a grandement fonctionné !
Longue vie aux black keys !
Je vais essayer d’être synthétique. J’écris sur le site de manière bénévole et paie la place des concerts que je chronique. Et je regrette profondément une chose: qu’il n’y ait pas eu beaucoup de compte-rendus des concerts des BK au Zénith sur la toile. Je regrette en particulier de ne pas avoir trouvé de compte-rendus de la « grande presse » alors qu’on parle quand même d’un groupe de rock de ces 20 dernières années ayant réussi à atteindre une popularité grand public. Les Arctic Monkeys ont eu droit à plethore de compte-rendus lors de leur récent passage parisien, pourquoi pas les BK?
Une fois que j’ai dit ça; « ni haine ni enthousiasme » était un peu maladroit vu qu’avant l’arrivée de Beck j’avais trouvé le concert très bien. Et puis ceux qui pensent que je suis un blasé incapable de m’enthousiasmer pour un concert parisien peuvent jeter un coup d’oeil à mes CR du Boss à La Défense, Suede à Pleyel ou Nick Cave à Rock en Seine. Quant à bobo, c’est comme facho ou boomer : un terme galvaudé à force d’être employé à outrance. Je ne suis pas non plus responsable des effets du centralisme parisien sur la culture. Quand j’étais ado de province, je jalousais un type qui venait de débarquer dans ma classe: il était havrais et avait pu se faire amener en caisse jusqu’à Paris pour voir Morrissey au Zénith en 1992. Le Pulitzer? Rien à cirer comme de tout ce qui ressemble à une récompense académique. Le Monde? Vu ce que le grand quotidien de Beuve-Méry est devenu…
Pour appuyer ce que mon collègue a déjà dit, j’aimerais aussi attirer l’attention sur le fait que les live reports ne sont pas notés, à la différence des chroniques. On pourra débattre à loisir sur la viabilité d’un barème qualitatif apposé à des oeuvres d’art, mais cela offre une certaine praticité. Un internaute qui ne lit pas le texte peut scroller jusqu’aux étoiles pour savoir ce que le rédacteur a pensé de l’objet en question. Dans le cas d’un compte-rendu de concert, il faudrait commencer par admettre qu’il peut s’agir d’un angle individuel sur l’événement. Ce n’est pas parce qu’il y a foule que le consensus fait loi. J’aurais même tendance à dire le contraire. Plus on est de fous, plus les ressentis peuvent diverger.
Et encore une fois, tous les contributeurs de ce site travaillent gratuitement sur le temps libre, pour vos yeux et vos oreilles. Et nous sommes loin d’être tous parisiens. Ou bobos. Ou humains. Ou gentils. Faut pas déconner non plus, héhé !
Vu la même tournée aux arènes de Nimes.
Petite déception: Spoon a commencé 15 minutes avant le début du concert… Les petits rebels.
Ensuite les Black Keys.
Certes, comme vous le mentionnez, le groupe n’est pas le plus dynamique sur scène. Mais la musique qu’ils sortent est d’une incroyable qualité: Tout en étant revisité, c’est net, précis, péchu, brut sans être violent.
J’ai aimé ce concert.