Lorgnant vers une idée plus classique de la pop que le travail des Fontaines D.C., Chaos for the fly, l’album solo de leur leader, Grian Chatten, manque de titres forts pour convaincre.
C’est peu dire qu’à nos yeux 2022 a changé la dimension des Fontaines D.C.. Par la grâce d’un seul titre. I love you, musicalement imprégné du bon versant lyrique du rock des années 1980 (Smiths, U2 des débuts). Et au texte célébrant un pays et ses idéaux en râlant de voir que la réalité n’est pas toujours à la hauteur, sujet déjà illustré de façon inspirée par Bono, le Boss et le Moz. Niché dans l’excellent Skinty Fia, il incarnait tout ce qu’on attendait d’un classique indie. Et il y a donc cet album solo, annoncé par leur leader comme une envie de faire des choses différentes du groupe. Pas loin dans l’esprit de l’escapade Last Shadow Puppets permettant à Turner et Kane de flirter avec une pop orchestrale sixties.
L’album s’ouvre avec The Score, aux guitares qui auraient pu figurer sur n’importe quel Cohen sixties sans que le talent mélodique ne suive pour autant. Puis Last Time Every Time Forever et ses cordes lorgnent vers les ballades de Blur période Parklife/The Great Escape sans égaler leur modèle. Toujours porté par des arrangements de cordes, Fairlies est une réussite de pop façon sixties, pas loin de Turner/Kane. Bob’s Casino et All Of The People sont deux tentatives crooner pas vraiment convaincantes. Avec son mélange boite à rythme/pop sixties, East Coast Bed ressemble à du Ian Brown solo mou du genou. Proche des La’s, Salt Throwers off a Truck est l’autre réussite du disque. Avant qu’I Am So Far soit incapable de pondre une mélodie à la hauteur de son bel instrumental pop guitare/harmonica. Et tout se finit par Season For Pain, le genre de morceau triste et apaisé que Morrissey avec ou sans les Smiths avait l’habitude de coller en fin d’album… sans la verve.
Un album solo décevant, en espérant que l’inspiration sera toujours là quand Chatten regagnera son vaisseau amiral.
Ordell Robbie.