Jack Ryan, c’est fini. Et gageons qu’à la différence de nos amis de l’autre côté de l’Atlantique, nous ne regretterons pas beaucoup ces fictions paranoïaques et nationalistes jusqu’à l’écœurement. Mais heureusement (ironie), on nous prépare un spin off !
La quatrième saison de la très critiquable série Jack Ryan sera donc la dernière et nous ne la regretterons évidemment pas vraiment, en dépit d’un casting de bon niveau mais assez improbable (Krasinski qui n’aurait jamais dû vraiment quitter The Office, Wendell Pierce un peu trop sympa pour jouer au badass, Michael Kelly qui reste irrémédiablement marqué par son rôle iconique de Doug Stamper dans House of Cards), qui, au fil des saisons, nous a rendu les personnages plus sympathiques qu’ils n’auraient sans doute dû l’être… Et malgré, bien entendu, quelques scènes d’action divertissantes et à peu près crédibles (un gros budget garantissant et le divertissement et la crédibilité, grâce à une mise en scène en général plutôt classique et de bonne tenue). Mais, et il ne faut pas avoir peur de le répéter, notre plaisir a toujours été teinté par l’irritation créée par les fictions de Tom Clancy, outrageusement US-centriques, porteuses d’une idéologie pour le moins embarrassante, et pire encore, nourries d’une sorte de mépris quasi raciste vis à vis de tout ce qui n’est pas États-Unien. D’ailleurs, dans Jack Ryan, à la différence de la quasi-totalité des séries TV modernes, tout le monde parle anglais, avec un accent plus ou moins marqué permettant de caractériser l’origine géographique ou ethnique des protagonistes, ce qui est tout à fait cohérent avec cette vision d’un monde qui n’a pas de réalité au-delà des frontières des USA… Si ce n’est bien entendu pour représenter une menace contre la démocratie, heureusement défendue par les preux chevaliers de la CIA !
Cette quatrième saison, pourtant, se penche pour une fois sur une « menace intérieure », celle d’individus haut placés dans l’administration US qui ont noyauté la CIA, et qui cherchent à introduire des bombes bactériologiques sur le territoire national (dans un but qui reste d’ailleurs assez obscur, mais là n’est pas le propos…). Pour ce faire, ces très mauvais citoyens (qui ne doivent pas voter Trump !) ont brillamment mis une place une conspiration internationale – joliment illogique et inutilement complexe – incluant des producteurs de drogue birmans, un cartel mexicain, des truands croates et une dictature africaine. Soupçonnant des malversations derrière les fameuses « black ops » de la CIA, nos bonnes âmes regroupées autour de Jack, sont bien décidées à nettoyer l’agence, et vont tenter de désamorcer le complot, avant de désamorcer lesdites bombes : on aura même droit à la scène où Jack coupe des fils d’alimentation en transpirant à grosses gouttes, alors que le compte-à-rebours touche à sa fin, ce qui prouve bien que Clancy, Cuse, Krasinski et consorts ne reculent devant aucun cliché !
La bonne idée – car il y a une – de cette saison 4 a été de la réduire de 8 à 6 épisodes, ce qui nous évite les temps morts et intrigues parallèles inutiles qui sont la plaie des séries TV actuelles. La mauvaise idée – parmi tant d’autres – est de sacrifier à l’incompréhensible nouvelle mode d’obscurcir systématiquement les images : si c’est amusant – un temps – que le soleil mexicain ou malaisien se mette à ressemble à une journée pluvieuse à Maubeuge, la lisibilité limitée de nombre de scènes de nuit ou en intérieur obscur a vite fait de décourager le téléspectateur plissant en vain les yeux devant son écran qui a le plus grand mal à voir ce qui se passe !
A la fin de la saison, et ce n’est pas un spoiler, Jack Ryan qui s’est fait longuement et cruellement torturer dans les geôles sud-asiatiques mais a récupéré physiquement en 23 minutes maximum, décide de tirer sa révérence et de partir en vacances avec sa dulcinée : partiront-t-il au Mexique ? en Croatie ? au Nigeria ? en Birmanie ? Des pays que Jack a parcouru au pas de course ou en hélicoptère sans avoir eu le temps d’en apprécier les charmes, et où le coût de la vie est accueillant pour un touriste bardé de dollars ? L’histoire ne le dit pas…
Mais le bon public US bien décidé à voter Trump aux prochaines élections puisqu’il les protégera et des méchants étrangers terroristes et des politiciens corrompus de Washington, n’est pas inquiet : toute cette histoire se poursuivra avec un spin-off dont le jadis jovial (mais désormais implacable) Michael Peña sera le héros. Tout le monde est rassuré !
Eric Debarnot
Jack Ryan – Saison 4
Série américaine de Carlton Cuse et Graham Roland
6 épisodes de 45 mn environ
Avec : John Krasinski, Wendell Pierce, Michael Kelly, Abbie Cornish, Michael Peña…
Mise en ligne par Prime Video de juin à juillet 2023
[Prime Video] Jack Ryan – Saison 3 : la leçon de patriotisme à l’américaine !
Mais quel est le rapport avec Trump ? Vous devriez rester dans votre domaine, le cinéma.
tout à fait d’accord cinématographiquement je me suis régalée sans avoir d’idée politiquement incorrecte
c est quoi cette critique à 3 balles??? encore un wokiste qui se pose en donneur de leçons !!!!
Libre à vous de soutenir avec enthousiasme la propagande US, pas de problème. Je me permets simplement de douter de votre compréhension du terme « woke », qui n’a absolument rien à voir avec ma prudence vis à vis de l’impérialisme US. Je vous conseille donc gentiment de vous renseigner un peu pour vos anathèmes soient au moins pertinents.