Pas si simple pour l’amateur de Rock de trouver comment se satisfaire à Paris entre le 14 juillet et le 15 août ! Mais pas d’inquiétude en ce samedi soir, Meatbodies étaient à Petit Bain pour une soirée tonitruante !
En ce samedi soir de juillet où Paris est déserté et par ses Parisiens et par les groupes de rock, sillonnant plutôt le monde des festivals, trois choix musicaux nous sont offerts : la décision la plus simple est d’éviter Lollapalooza qui a clairement boycotté cette année tout ce qui pouvait ressembler de près comme de loin à du rock, mais on peut être tenté par la pyrotechnie des inusables Rammstein au stade de France (… mais il faudrait faire fi des accusations sur le comportement sexuel de Till Lindemann !) ; heureusement, il y a les rares Meatbodies qui nous honorent d’un passage par Petit Bain, ce qui est la garantie d’une soirée éprouvante pour nos esgourdes mais excellente pour notre moral.
19h35 : on commence avec une salle encore bien vide et le duo français de Electric Jaguar Baby, qui pratique un blues rock saturé de fuzz. Et les 40 minutes qu’ils vont nous offrir seront exactement ça : 40 minutes de blues rock saturé de fuzz. Soit un genre de musique auquel on adhère bien volontiers, d’autant que Frank et Antonio manifestent une hargne bien sympathique. Malheureusement, on a du mal à vraiment se passionner pour des morceaux assez passe-partout, pas très bien chantés, et qui manquent de cette étincelle qui fait la différence. Le dernier titre, The One, est le seul qui bénéficie d’une mélodie un peu accrocheuse, et comme l’a constaté le batteur qui essaie de mettre de l’ambiance, Petit Bain ne sera pas vraiment en feu.
20h35 : les Meatbodies, c’est tout autre chose, et Chad Ubovich et son gang ne vont pas attendre pour réveiller Petit Bain désormais bien rempli avec leur musique, certes classique et sonnant plus franchement 70’s et moins garage psyché que par le passé, mais détonante. Sur une section rythmique surpuissante – Dylan Fujioka est un batteur maousse costaud, et Noah Guevara est en fait un petit pois mexicain déguisé en bassiste killer -, les deux guitares de Chad et de Casey Hanson nous tricotent des riffs bien gras et des solos vraiment inspirés. La Les Paul de Chris fait des merveilles et chaque morceau semble décoller dans ses hurlements tantôt hystériques, tantôt mélodieux. La complicité entre les deux guitaristes est plaisante à voir, et plus le concert avance, plus on sent qu’ils se font plaisir en improvisant, en tentant de se surprendre l’un l’autre : sourires en coin, yeux brillants de plaisir, voici des musiciens heureux de jouer, un bonheur que nous ressentons bien évidemment dans la salle.
Si les lumières sont un peu justes pour les photos, le son est absolument parfait (en tous cas depuis le premier rang), à la fois très très fort et très clair. C’est comme un torrent sonore qui nous engloutit et nous fait du bien.
Pas de setlist sur scène, le groupe joue pied au plancher des titres que nous ne connaissons pas – pas d’album depuis 333 qui date de 2021, mais un nouveau est prévu dans les mois qui viennent – ce qui n’empêche pas, en l’occurrence, le plaisir.
Un peu moins d’une heure de set, et un rappel d’une dizaine de minutes, on en aurait bien pris plus. Mais pas d’inquiétude, il sera possible de se rattraper au Festival de Binic !
Photos et texte : Eric Debarnot