N’en déplaise à Zemmour et ses adeptes, la France est désormais un melting pot, et ils devront bien faire avec ! Cet ouvrage vient à point nommé pour nous rappeler que la population française actuelle est le résultat de 150 ans d’immigration, pas de quoi se mettre… « martel en tête ».
L’immigration en France ne date pas d’hier et cet ouvrage vient nous rafraîchir la mémoire à bon escient. L’Hexagone tel qu’on le connaît aujourd’hui est constitué d’une mosaïque de populations venues du monde entier, qui ont contribué à la richesse économique de la France et constituent un apport culturel indéniable, loin des peurs agitées par l’extrême-droite. Cette multitude de traditions a produit et continue à produire le « peuple français », un unique et détonnant cocktail de diversité, comme nous le démontrent Françoise Davisse et Carl Aderhold, accompagnés par Sébastien Vassant au dessin.
Pure coïncidence, cette bande dessinée, je l’ai lue quelques jours avant les émeutes de début juillet. Et comme on a pu le voir, certains politiques, en particulier l’extrême-droite avec comme chef de file le venimeux Eric « Gargamel » Zemmour, n’ont pas manqué de brandir une fois de plus le thème du « grand remplacement ». Ces derniers seraient donc bien inspirés d’entamer la lecture de cet ouvrage passionnant et documenté, qui traite de l’immigration depuis 1870 à nos jours. Car c’est dans cette seconde moitié du XIXe siècle, à partir de la guerre franco-prussienne, qu’ont commencé les premiers mouvements de population au sein de l’Hexagone. A l’époque déjà, les Bretons et les Auvergnats, qui venaient s’installer dans la capitale en quête d’une vie meilleure, suscitaient l’hostilité des Parisiens. Suivis par les Italiens, les Belges et les Polonais qui furent appelés par la République, car en effet, le besoin de main d’œuvre était criant dans une France en pleine phase d’industrialisation. En 1886, les étrangers représentaient déjà une population de 1,2 millions, tandis que la démographie des Français, elle, stagnait ! C’est dans ces années que fut voté, afin de contrer le droit du sang des nationalistes, le droit du sol, condition nécessaire pour mieux intégrer ces populations et accessoirement grossir les rangs de l’armée française…
Bref, l’ouvrage est passionnant, entrecoupé d’anecdotes et de témoignages de célébrités et d’anonymes dont les parents et aïeux n’étaient pas « de souche » ! Saviez-vous par exemple que la baguette était liée à la construction du métro parisien et aux immigrés qui y travaillaient ? Ou encore que la musette (oui, celle des bals) a été créée avec l’apport de l’accordéon par les Italiens ? Sans parler évidemment du couscous, devenu plat préféré des Français (mais ça tout le monde le sait déjà…).En déroulant le fil de cette histoire de l’immigration, on prend conscience de la richesse que celle-ci a apporté à la nation, mais aussi du fait que les étrangers ont été régulièrement pointés du doigt par les politiques les plus démagogues, enclins à titiller les peurs et les bas instincts. La défense de l’identité « gauloise » ou chrétienne, cet argument électoral nécessitant peu de rigueur intellectuelle, a souvent fonctionné et bien hélas fonctionne encore, en se répercutant surtout sur les lois successives qui ont fini par transformer aujourd’hui l’acquisition de la nationalité française (ou de la simple carte de séjour) en parcours du combattant.
En ce qui concerne la partition graphique, Sébastien Vassant, adepte du format documentaire et historique (Juger Pétain, Politique qualité, La Veille du Grand Soir…) produit un dessin hyper lisible et donc très approprié. Son style, moins relâché et artistique que dans d’autres de ses productions, est tout à fait conforme aux codes du genre. La mise en page est variée et accompagne bien le texte. Le bémol se situe au niveau des représentations des personnages, plus ou moins célèbres, qu’on a parfois beaucoup de mal à reconnaître.
Cela ne retire rien à l’intérêt de ce document que l’on peut considérer comme un ouvrage de salut public, à l’heure où le gouvernement s’apprête à présenter un énième projet de loi immigration, déjà repoussé en raison des controverses qu’il a suscitées. Mais surtout en raison de la montée en puissance des discours haineux vis-à-vis d’une frange de la population issue de l’immigration récente « de couleur », des discours qui pourraient pour la première fois favoriser l’arrivée au pouvoir d’un parti d’extrême-droite aux prochaines présidentielles. Dans un tel contexte, on se prend à espérer que La Fabrique des Français soit largement diffusée dans les écoles et les bibliothèques de « France et de Navarre ». Un livre très instructif qui apaise le débat, à lire évidemment de toute urgence !
Laurent Proudhon
Incroyable de lire de pareilles conneries…
Les bien-pensants donneurs de leçons ont visiblement encore besoin de se rassurer dans leur petite bulle idéologique.
Le fait est que les français commencent (enfin) à ouvrir le yeux.
Cette propagande fonctionne de moins en moins et les slogans du genre : » c’est une chance » ne font plus recette…. il était temps.
Au « modérateur » (ou censeur plutôt)
A quoi bon laisser la possibilité de mettre des commentaires si c’est pour les supprimer !?
Vous préférez le mensonge à la vérité, l’utopie à la réalité, la censure à la liberté d’expression……. voilà pourquoi vous ne gagnerez pas.
Gros poutou :)
Cher « citoyen », quoi que ce soit que recouvre ce pseudonyme. Il n’y a ici nulle censure, juste le fonctionnement de WordPress qui nous oblige à libérer les messages laissés – afin d’éviter d’être noyés dans les spams ou les messages haineux. C’est un processus manuel, qui peut prendre une journée si aucun d’entre nous ne va vérifier les commentaires en attente. Je suis désolé de ce décalage, mais nous n’appliquons aucune censure, bien entendu. La preuve…
@Citizen (sérieusement ?)
Petit rappel qui a son importance, notre rédaction travaille bénévolement et gratuitement pour votre bon plaisir (ou pas, visiblement). Nous ne vous devons rien, à plus forte raison quand vous vous permettez d’injurier des collègues. En ce qui concerne le temps de réaction sur la validation des commentaires, l’impatience est malvenue, surtout quand vos « contributions » sont si constructives…
Vous avez d’ailleurs de la chance que mon collègue soit disposé à afficher vos messages. Si j’avais trouvé ce genre d’idioties sous un de mes articles, elles seraient passées directement à la corbeille. Peut-être serons-nous un jour payés pour endurer les railleries d’anonymes du net cachés derrière des pseudos de CM2. En attendant, la censure reste une option comme une autre. Il se s’agit pas d’un positionnement politique, mais bien des bases du respect.
Pas de poutou pour vous, donc.