Hier soir, dans une Boule Noire enthousiaste, Cory Hanson a confirmé les promesses de son tonitruant dernier album, Western Cum, et nos oreilles ont chauffé !
« Mon tourneur m’a dit : tu as choisi la pire date de l’année pour jouer à Paris ! Mais en fait, vous êtes quand même pas mal nombreux, ça fait plaisir ! » nous rassure Cory Hanson, alors que nous sommes un peu tristes que la Boule Noire ne soit pas soldout ce soir pour un musicien de son calibre… Il faut dire qu’il y a une longue histoire d’amour entre Cory et les mélomanes (tendance Rock) parisiens, qui remonte à Wand, son groupe qui a tant été aimé par ici. Une amie nous confiait d’ailleurs, à la fin du set – incandescent, comme on dit quand on n’a pas peur des clichés – de Cory et son groupe Slowhand, qu’elle n’avait pas pu retenir ses larmes en repensant à la dernière fois qu’elle avait vu Wand : voilà le genre d’émotions que cette musique peut générer !
Mais revenons un peu en arrière, trois heures plus tôt… Nous avons découvert, non sans surprise, que la première partie de la soirée serait assurée par… un « tribute band », ZZZ Top, qui reprend des chansons, évidemment, de ZZ Top ! Voilà qui n’est pas habituel. Mais on comprend vite quand le set du faux-trio texan démarre à 20h15, qu’il s’agit ni plus ni moins de Cory Hanson lui-même, et de deux de ses musiciens, qui, portant chapeaux, lunettes noires, et fausses barbes / moustaches, nous gratifient de 30 minutes de rock sudiste aussi décalé que passionné. Car oui, nos amis aiment visiblement ça, et font rugir guitare et basse sur des reprises enflammées de ZZ Top avec toute la conviction et la virtuosité (on y reviendra) nécessaires. Sans oublier les célèbres pas de danse et les poses de leurs modèles, les voix rugueuses et l’accent texan quand il s’agit de célébrer le « Gai Paris ! ». Bref, c’est un petit bonheur, et on se dit que voilà une excellente idée dont certains pourraient s’inspirer pour leur première partie !
21h05 : Ayant repris une apparence plus « normale », Cory Hanson revient sur scène, accompagné de son groupe au complet cette fois : en effet Slowhand comprend une bassiste, qui, logiquement, était « exclue » du show ZZZ Top (enfin, avec une fausse barbe aussi, ça aurait pu le faire…). Le frangin Casey, qu’on a vu et admiré récemment au sein des Meatbodies, a retrouvé sa guitare, un instrument où il excelle…
On attaque la soirée avec Wings qui est aussi le titre d’ouverture de Western Cum, le virulent dernier album de Cory : les deux guitares chantent littéralement, la section rythmique ne fait pas de quartier, et la voix de Cory impeccable. On remarque immédiatement, que sur scène, l’emphase est mise sur les parties instrumentales – les guitares, donc – et que les couplets et refrains chantés passent un peu second plan, mais nous ne nous plaindrons pas : nous sommes venus pour un « festival de guitare »… Et ce d’autant que le son est parfait, clair et fort, permettant aux Gibson LesPaul – équipées, nous expliquent les experts, des célèbres vibratos Bigsby – de faire des merveilles.
On enchaîne avec Persuasion Architecture, très rock sudiste : nous avions évoqué l’influence de Neil Young à l’écoute de l’album, mais sur scène, on serait plutôt du côté des Allman Brothers (les deux guitares qui dialoguent constamment), voire de Derek & The Dominoes (l’incontournable Layla, ce qui peut expliquer le nom de Slowhand, surnom de Clapton, donné au groupe…). Cory nous révèle qu’ils vont jouer l’intégralité du nouvel album – et dans l’ordre s’il vous plait – ce qui permettra à ceux qui ne l’ont pas écouté de le connaître !
Il est inutile de citer ici un par un chacun des titres du formidable Western Cum, qui nous sont offerts dans un déluge quasi ininterrompu de guitare électrique : parlons plutôt de l’humour de Cory qu’on a découvert dans les paroles (souvent provocatrices) de ses chansons, mais qu’il distille à bon escient sur scène, comme lors d’une petite compétition improvisée de virtuosité « guitaristique » avec Casey, ou comme lorsqu’il nous raconte que les ZZZ Top ont déjà quitté la ville pour le prochain concert… Nous regretterons simplement que les lumières ne nous facilitent pas la tâche pour photographier ou filmer un concert qui mériterait pourtant d’être immortalisé !
L’enchaînement du long et dantesque Driving Through Heaven et d’une version explosive de Motion Sickness porte tout ça au rouge, et tout le monde se regarde, ravi et presque incrédule : ça fait tellement longtemps qu’on n’a pas eu droit à un tel déluge de guitare, qui plus est administré, répétons-le, avec simplicité et bonne humeur…
Le rappel consistera en la seule citation de la soirée du précédent album, avec un très beau (et passablement électrifié pour l’occasion) Pale Horse Rider réclamé à cor et à cri par le public, puis – surprise – avec un nouveau morceau particulièrement puissant qu’on a hâte de retrouver sur le prochain album !
A la fin de ces soixante-dix minutes soniques, plusieurs personnes juraient qu’ils venaient d’assister au meilleur concert de 2023 à date… C’est dire l’impact de Cory Hanson… à condition d’aimer la guitare électrique, bien entendu !
Texte : Eric Debarnot
Photos : Robert Gil
Bonjour à vous, même si c’est un infime détail je pense que vous pourriez mettre un s à « festival de guitare » et à « un tel déluge de guitare » car il étaient deux guitaristes…
Cordialement.
En fait, dans notre esprit, il s’agit d’un singulier générique, englobant « la guitare électrique » comme instrument, quel que soit le nombre de musiciens la pratiquant. Nous préférons donc garder le singulier, en espérant ne pas trop vous irriter quand même !
C’est noté, d’ailleurs je m’en doutais, je ne suis pas fâché ! (rire). Bonne continuation et au plaisir de continuer à vous lire.