Le musicien et producteur britannique Jacob Allen alias Puma Blue signe un second album bouleversant, pétri de références, et dont la beauté sombre donne un éclat formidable aux 11 titres de Holy Waters.
Pour ceux ou celles qui n’auraient pas vécu la période pop / trip-hop de la fin des années 90 (Portishead, Tricky, Massive Attack, Archive, etc…), cet album de Puma Blue peut constituer un excellent aperçu de ce qui se faisait de mieux à l’époque dans le genre. Car dans Holy Waters, on retrouve l’atmosphère mais aussi quelques fameux gimmicks propres à ce style de pop électronique, lente et sombre, qui nous a passionnés pendant près d’une dizaine d’années.
Mais Holy Waters serait un disque bien anecdotique s’il se contentait de proposer une resucée du son trip-hop de nos jeunes années. Cet album, c’est aussi et surtout le talent d’un formidable musicien et chanteur nommé Jacob Allen. Un artiste britannique dont le premier album, In Praise of the Shadows, paru en 2021, nous avait permis de découvrir déjà toutes les influences, dans un registre dowtempo, teinté de jazz, et dont la manière de chanter n’était pas sans évoquer Chet Baker ou Thom Yorke, avec cette manière si caractéristique d’user de tonalités falsetto.
Pour ce second album, il a quelque peu élargi sa palette sonore, proposant une production plus ample, plus léchée. Il en résulte 11 chansons raffinées, enregistrées en compagnie de l’ingénieur du son Sam Peter Davies qui a travaillé par le passé avec The Smile… Pas étonnant donc de retrouver dans ce disque certaines correspondances, ici et là, avec la musique de Thom Yorke (Gates for Me), que ce soit avec Radiohead ou The Smile.
Sur Falling Down, on pensera plus à Jay-Jay Johnson, O,The Blood! nous ramènera plus franchement à Portishead, Hounds, avec sa basse profonde et entêtante, rappellera immédiatement les ambiances poisseuses des disques de Massive Attack, quant à Too Much, Too Much ou Gates for Me, difficile de ne pas y entendre le fantôme de Jeff Buckley. Mais il y a aussi quelques chansons qui n’appartiennent qu’à Puma Blue (Pretty, Epitaph, Mirage…) parmi les 11 titres proposés.
Holy Waters est un album magnifique, qui se termine par le bouleversant Like Is Gone, où il est question de douleurs et de l’évocation de la mort des proches de cet insomniaque maladif, amoureux d’Elliott Smith... référence évidente aussi de cet album marqué par la tristesse, mais qui, miraculeusement, ne se révèle jamais plombant ni déprimant. Bien au contraire, il s’en dégage une forme de romantisme sombre, de mélancolie salvatrice, qui rend l’écoute plus délicieuse encore à chaque passage.
Benoit RICHARD