Quand une série donne envie sur le papier pour finir par être complètement indigeste et ratée à l’écran : retour sur le cas The Resort.
On aurait tellement voulu adorer The Resort, dont le premier épisode prometteur mixait une idée proche de The White Lotus avec des éléments fantastiques à la Lost. Un mélange plutôt original qui titillait notre curiosité, d’autant que l’interprétation était confiée à des comédiens appréciés (Cristin Milioti de How I Met Your Mother ou William Jackson Harper de The Good Place). L’histoire en elle-même était également plaisante : les pérégrinations d’un jeune couple qui ne s’entend plus trop dans un hôtel luxueux du Mexique, sur la trace d’un couple disparu une décennie avant au même endroit, et dont ils ont retrouvé par hasard le portable. Commence alors une quête étrange sur une catastrophe climatique dévastatrice, des relations de couple bizarres, et une succession de faits inexpliqués qui donnent à cette petite enquête privée des allures de grande découverte à la lisière de l’extraordinaire et de l’inexplicable.
Mise en scène énergique, interprétation soignée, paysages incroyables, narration chaotique mais inspirée : les ingrédients d’un bon produit télévisuel. Malheureusement, on déchante assez vite : le cosy mystery (des amateurs qui essaient de résoudre seuls des affaires policières) ne s’avère qu’être un fil rouge plutôt grossier pour tisser de nombreuses toiles scénaristiques sans intérêt, si ce n’est rallonger la durée de la série pour lui éviter de n’être qu’un « long » long métrage. Et plus nous avançons dans l’intrigue, plus tout se complexifie et devient confus.
On ne sait plus trop ce que l’on cherche ou ce que l’on met de côté, et même les acteurs semblent un peu perdus dans ce qu’ils proposent à l’écran. A jouer sur tous les fronts, les scénaristes noient un poisson narratif fragile… L’originalité ne suffit pas, il faut un background assez solide pour emporter l’adhésion… Andy Saria l’avait très bien compris dans Palm Springs, son film épatant à voir sur Prime Video, mais il échoue ici à maintenir un cap cohérent. On s’ennuie assez vite dans The Resort, et la fin me relève pas le niveau. Bien au contraire.
Car la série vire sur sa fin au n’importe quoi : elle prend vraiment la tangente au niveau des genres sans maintenir un minimum de cohérence comme l’avait fait son illustre prédécesseur, Lost. Résultat : on assiste, dépités, à un dénouement complètement bidon, qui sied davantage à un public de pré-ados fans d’escape games ou de resucées d’Indiana Jones. La virée policière s’englue dans des explications complotistes douteuses – le but étant, on imagine, d’en fustiger la croyance mais c’est là aussi raté, voire contre-productif – et termine sa folle course droit dans le mur dans une rocambolesque parodie des Goonies, mais avec des adultes. C’est grand guignolesque et affreusement daté.
La cible est ratée, l’épreuve visuelle aussi. Avec ce sentiment de s’être bien fait avoir pendant quelques heures à espérer une super série estivale alors qu’on vivra une vieille arnaque de camping moisi. Passez votre chemin !
Jean-françois Lahorgue