Jonathan Wilson – Eat The Worm : une œuvre d’une ambition folle

Cinquième album de Jonathan Wilson, Eat The Worm confirme toute la singularité de l’œuvre de cet artiste qui aime toujours autant brouiller les pistes en mélangeant pop, folk, jazz et rock dans des compostions aussi ambitieuses que réussies.

Jonathan-Wilson-2023
© Andrea Nakhla / BMG

Jonathan Wilson fais partie de ces artistes dont il y a toujours quelque chose à attendre. Pas vraiment le genre à faire du surplace, à se reposer sur ses lauriers, ou à refaire deux fois de suite le même disque. Ce chanteur et musicien, originaire de Caroline-du-Nord, installé en Californie depuis quelques années, nous livre encore une fois un disque hors des sentiers battus, qui peut surprendre au premier abord, désarçonner même, mais qui, en tout cas, ne peut pas laisser insensible face à cette étalage de musiques pop aussi singulières que variées.

Jonathan Wilson – Eat The WormPour Dixie blur, son précédent album, paru en 2020, Jonathan Wilson était allé enregistrer à Nashville Tennessee en compagnie de quelques pointures locales, donnant un disque country folk qui est très réussi. Trois ans plus tard, et après avoir participé à l’élaboration de l’album de son ami Father John Misty, le revoici dans un style plus en phase avec ses précédentes réalisations, un nouvel album aux contours expérimentaux, dans lequel se mélangent les genres et les influences venues notamment du folk anglais des années 70, du jazz rock, du rock progressif ou du blues. On y entendra ici ou là les fantômes du Pink Floyd ou de Supertramp et bien sur de la pop californienne.

Quant au titre de l’album, il lui a été inspiré par l’écoute de groupe de jazz rock finlandais Wigwam.

12 titres enregistrés dans son studio Five Star à Topanga Canyon en compagnie de musiciens de groupes comme The Killers, Bon Iver, auxquels se sont ajoutés des sections de cordes et de cuivres et des instruments divers dans des arrangements qui confèrent au disque un relief incontestable.

Le résultat est tout simplement bluffant d’inventivité et de richesse, dans une démarche qui n’est pas sans rappeler, par moments, celle d’un certain Robert Wyatt, avec comme point commun entre les deux artistes, cette envie de proposer des chansons ambitieuses, sophistiquées, sans être pour autant rébarbatives.

Eat The Worm est un disque au charme rétro, qui confirme Jonathan Wilson comme un musicien installé dans une forme de classicisme assumé et revendiqué, mais ne se contentant pas d’une révérence à ses idoles, et sachant aussi se montrer à leur hauteur sur quelques titres.

Benoit RICHARD

Jonathan Wilson – Eat The Worm
Label : BMG
Date de sortie : 8 septembre 2023