Et oui, les Hives se renouvellent (un peu) grâce à leur nouvel album ! Et oui, ils restent l’une des meilleures occasions de s’amuser et de se défouler, et confirment leur réputation méritée d’être l’un des meilleurs groupes de scène en activité.
Problème de riche, un choix un peu compliqué ce soir : New Order au Zénith – soit l’ombre d’un groupe génial avec des chansons immortelles, mais qui ne livre plus de performances scéniques mémorables depuis longtemps – ou The Hives à l’Olympia – un gang qui est toujours extraordinaire sur scène mais a peu de chances de nous surprendre tant ils répètent leur même formule depuis longtemps ? Joker : le beau programme du Supersonic avec les Portugais garage psyché de Sunflowers et les Rochelais déjantés de Bilbao Kung-Fu. Finalement ce sera les Hives, parce qu’ils viennent de sortir un nouvel album, The Death of Randy Fitzsimmons, le premier depuis 11 ans, et qu’on est curieux de voir ce que ça donnera sur scène…
20h : Bratakus, malgré ce nom très exotique, ce sont deux sœurs écossaises, originaires d’un trou perdu dans le nord des Highlands – Breagha à la guitare et Onnagh à la basse, soutenues par une drum machine – branchées punk rock, et très en colère. En colère contre tout ce qui peut fâcher une jeune femme aujourd’hui : les animaux qu’on mange (Real Men Eat Red Meat), le manque de respect pour les femmes, en particulier dans le Rock, la représentation de la femme dans les magazines, etc. Que des causes justes, mais dont on a un peu l’impression que Breagha dresse un catalogue convenu quand elle explique le thème de chaque morceau avant de le jouer : on apprécie donc quand elles sortent du genre « protest songs » pour reprendre une chanson traditionnelle (paraît-il…) parlant de… corps en décomposition (The Hearse Song). Quant à leur version du punk rock, c’est du côté du hardcore US qu’elles trouvent l’inspiration : hurlements et vociférations, chansons minimalistes et uniformes. De la rage et encore de la rage, en contradiction apparente avec le look « jeunes femmes de bonne famille » qu’elles arborent (en particulier Breagha avec sa robe élégante et ses escarpins à talons), mais aussi avec la gentillesse souriante dont elles font preuve entre les chansons. Meilleurs moments de leurs 25 minutes de set : une reprise de Wanda Jackson (que, non, nous n’avons pas reconnue…) et leur tout dernier titre, plus construit. Tout cela est énergique, très sympathique – et le public réagit positivement -, mais manque quand même un tantinet d’originalité.
21h : Malgré toutes nos considérations de blasés – nous avons vu The Hives tellement de fois sur scène au cours des vingt dernières années -, le démarrage sur Bogus Operandi nous cueille comme un crochet à la mâchoire : KO pour le compte ! C’est peut-être seulement l’effet de l’enthousiasme forcené du public de l’Olympia, à fond depuis la première seconde de musique… mais bon dieu, c’est impressionnant ce que ça fait du bien. Comme toujours avec nos Suédois adorés, tout est évidemment parfait : les nouveaux costumes noir et blanc, les lumières blanches, le son qui tue, fort, clair et précis. Et puis, avant qu’on ait pu reprendre nos esprits : wham ! Main Offender ! Tout le monde hurle, tout le monde chante en chœur. Autour de nous, au premier rang, nous ne voyons que des visages souriants. Foutu concert, foutue foule de fans déchaînés ! Pelle peut plastronner, il a gagné, déjà ! On est le meilleur public du monde, on a sauvé le monde de la pandémie ensemble quand les Hives ont joué ici la dernière fois (en 2021). Et il ne dit pas ça tous les soirs, nous jure-t-il. Enfin, pas si SOUVENT que ça, corrige-t-il ! Sacré Pelle !
Même si la dernière fois qu’on les a vus, en novembre 2021, dans ce même lieu, on sortait tous du Covid (d’ailleurs Pelle a rappelé combien l’accueil chaleureux du public parisien à l’époque les avait rassérénés après l’épreuve de la pandémie, et là pour le coup, il avait l’air sincère…), et que le groupe n’était, pour une fois, pas au top, on peut aussi affirmer que l’injection dans leur set des nouveaux titres – ils en joueront six ce soir, dont l’excellentissime Countdown to Shutdown en clôture avant le rappel – redonne à leur « cirque » habituel une belle fraîcheur. Bon, on n’évite pas la longue « paralysie » du groupe – qui est quand même un truc spectaculaire que nous ne croyons pas avoir vu faire par qui que ce soit d’autre !!! – durant Good Samaritan, cette fois, ni le désormais pénible rituel du « sit down » (« and shut the fuck up ! », nous crie Pelle…) durant Tick Tick Boom en rappel, mais dans l’ensemble, on a le sentiment de voir un groupe « renouvelé », et reparti pour vingt autres années.
Sinon, il est de plus en plus évident que Hate to Say I Told You So est devenu un hymne incontournable, un moment de folie générale et de jouissance complète qui dépasse la simple excitation face à un morceau punk bien senti. En regardant autour de nous à ce moment-là, nous n’avons vu, du haut jusqu’au bas de l’Olympia, que des expressions de bonheur et de plaisir. Sacrés Hives !
Bon, nous dirons même aussi que Pelle a renouvelé (un peu) ses blagues, ce qui fait du bien… et qu’il ne lui reste plus qu’à inclure dans ses appels aux cris du public, après « Messieurs » et « Mesdames » un « les autres » pour que nul ne se sente exclu ! Mais, en fait, il est probablement impossible de se sentir exclu au milieu de cette grande fête punk qu’est un concert des Hives, toujours l’un des meilleurs groupes scéniques en activité sur la planète !
Texte et photos : Eric Debarnot
Photo additionnelle : Doriane
The Hives – The Death of Randy Fitzsimmons : Morts ou vifs ?
Le concert a duré 1h08, on a quand même une impression d’inachevé et d’être pris pour des pigeons
Depuis qu’ils existent, les Hives n’ont jamais joué plus de 1 h 10. Il suffit de savoir à quoi s’attendre. Mais personnellement, je préfère 1h10 pleine de générosité et d’interaction avec le public que une heure et demi plan-plan par des musiciens qui semblent ne jamais se préoccuper de leur public.
Bonjour à vous, il est faux d’écrire que « New Order ne livre plus de performances mémorables depuis longtemps ». J’ai vu tous leurs concerts ces dernières années et ils en ont joués de très bons.
Depuis combien de temps ne les avez vous pas vus pour ne pas le constater ?
Je partage tout à fait votre avis. je pense que ce n’est pas parce que ce groupe n’a jamais joué en moyenne plus d’une heure dix/quinze que c’est acceptable d’autant qu’il a 6 disques studio à son actif. Le matériel est là. J’en conclue qu’ils n’ont pas envie d’en faire plus et ne se fatigue pas trop. Je rappelle aussi que les prix des places ne stagnent pas. J’ai vu récemment en live Geese qui avec 2 disques au compteur a joué une heure vingt. Cherchez l’erreur !
Rectification : je me suis trompé ce n’est pas Geese qui joue une heure vingt en concert mais Squid ! Désolé pour cette erreur !