Deux ans seulement après l’excellent Endless Arcade, les Écossais de Teenage Fanclub sont de retour avec un formidable douzième album. Nothing Lasts Forever confirme que le temps n’a pas d’effet sur la musique de ce groupe majeur de l’indie pop.
On jalouse parfois ceux qui ne connaissent pas encore Teenage Fanclub. On imagine alors leur émerveillement en découvrant les chefs d’œuvre du groupe : Bandwagonesque, Grand Prix, Songs From Northern Britain ou encore Howdy!. Et puis on se console en se replongeant encore et encore dans la discographie d’un groupe abonné à l’excellence.
Depuis le départ de leur bassiste Gerard Love en 2018, le groupe est épaulé par Euros Child (Gorky’s Zygotic Mynci) et Dave McGowan (qui officie aussi au sein de Belle & Sebastian). Teenage Fanclub continue ainsi à enregistrer avec régularité des disques pop intemporels, des classiques instantanés. Leur précédent album, Endless Arcade, sans rien bouleverser du savoir-faire des Écossais, avait toutefois un peu surpris les inconditionnels du groupe avec des titres a priori moins accrocheurs qu’à l’accoutumée. Pourtant, Endless Arcade a fini par s’imposer en douceur comme un disque vers lequel on revient souvent.
Avec Nothing Lasts Forever, leur douzième album, Teenage Fanclub propose dix nouvelles chansons immédiatement séduisantes, alors même que l’on aurait très bien pu les entendre il y a dix, vingt ou quarante ans. Dix perles pop qui tressent habilement mélodies intemporelles et harmonies vocales. Dès les premières secondes de Foreign Land, le morceau qui ouvre le disque, l’auditeur est chez lui : un larsen de guitare, comme un écho à la jeunesse sonique du groupe, s’efface après quelques secondes et cède la place à une mélodie typique du style Teenage Fanclub. On commence à taper du pied : le groupe est en pleine forme !
La suite oscille entre l’excellence et le très bon – comme à chaque fois. Tired of Being alone n’aurait pas dépareillé sur Grand Prix, leur chef d’œuvre de 1995. Puis avec I Left A Light On, que l’on connaît déjà depuis plusieurs mois, Norman Blake et sa bande ridiculisent le Don’t Look Back In Anger d’Oasis : quelques notes d’un piano emprunté à Lennon introduisent une ballade bien plus élégante que celle des Gallagher !
Et l’on pourrait continuer ainsi et égrener une à une les qualités de ces nouvelles chansons, expliquer pourquoi Self-Sedation est une merveille ou pourquoi on ne se lassera jamais d’une chanson telle que Back To The Light … Mais on se contentera de l’évidence : Teenage Fanclub est depuis longtemps devenu une référence, une influence majeure pour tous ces jeunes groupes qui, en 2023, s’évertuent à perpétuer l’héritage des Byrds ou de Big Star (on pense notamment aux formidables mais méconnus Dropkick). Nothing Lasts Forever ne fait donc que confirmer ce que l’on sait déjà : Teenage Fanclub n’a plus rien à envier à ses illustres modèles. Il est devenu l’un d’entre eux, l’un de nos groupes préférés, une valeur sûre, un précieux refuge musical.
Sur Nothing Lasts Forever, on retrouve trois fois le mot « light » dans les titres des chansons… Les deux songwriters du groupe, Norman Blake et Raymond McGingley affirment que c’est une coïncidence. On les croit volontiers, mais comment ne pas y voir le signe que le groupe perpétue une étincelle qui refuse de s’éteindre : celle d’une certaine idée de la pop.
Grégory Seyer
Teenage Fanclub – Nothing Lasts Forever
Label : PeMa : Big Wax
Date de sortie : 22 septembre 2023