Alors que la franchise Star Wars est au plus mal, la plus récente tentative de réinjecter de la magie dans toute cette histoire ne s’avère pas vraiment convaincante…
On sait bien que la plus grande confusion règne au niveau de l’exécutif chez Disney, et on suit avec intérêt, appréhension ou indifférence la valse des annonces relatives à de nouveaux films, de nouvelles séries, puis à leur abandon / annulation. Les fans – oui, il y en a toujours des millions à travers le monde – sont à la limite de l’apoplexie devant la destruction progressive de tout ce que George Lucas, pour le meilleur et pour le pire, avait inventé, créé. Suite à l’échec, ou au moins au demi-échec critique (et commercial) des séries TV mises en ligne sur Disney+ (un Mandalorian qui a tenu le choc grâce à Pedro Pascal et à « baby Yoda », un Andor qui avait cinématographiquement une certaine tenue, et… une série de catastrophes industrielles), Ahsoka est la dernière (en date, mais peut-être, on ne sait jamais, la dernière tout court…) tentative de réinjecter de la magie, voire même… de la vie dans la franchise.
Jon Favreau, le grand maître d’œuvre du programme, a clairement mis toutes les chances de son côté. Il a d’abord construit Ahsoka sur les bases des séries animées The Clone Wars et surtout Rebels, toutes deux bien aimées des fans : le problème que cette approche pose néanmoins, en terme de réception potentielle d’Ahsoka, est que la grande majorité du public, qui n’est pas familière des dessins animés, se trouvera larguée devant l’apparition de nombreux nouveaux personnages (certains présentés rapidement dans The Mandalorian…) qu’il est « sensé connaître », et aura le sentiment d’être parachuté au milieu d’une histoire dont il ne connaît ni les tenants, ni les aboutissants. Il est donc fortement conseillé d’aller se promener un peu sur internet pour avoir une idée de qui sont Ahsoka Tano, Sabine Wren, Ezra Bridger, le grand amiral Thrawn, etc.
Ensuite, on réinjecte à forte dose tout ce qui fait partie de la mythologie Star Wars adorée du public : les jedis, les duels au sabre laser, les batailles dans l’espace, les droïdes rigolos (David Tennant, incroyablement sous-utilisé !) et les bébêtes rigolotes qui auraient, à une autre époque, fait le bonheur du merchandising… Tout cela revient au centre du programme… jusqu’à l’excès, tant on a l’impression qu’il ne reste plus grand chose d’autre autour, l’intrigue en elle-même – qui tourne autour de la menace d’une résurgence de l’Empire via des comploteurs infiltrés au sein même de la République – étant à la fois basique, embrouillée et pas vraiment cohérente. On ajoute même ce bon Annakin Skywalker (Hayden Christensen lui-même, qui a appris à jouer après toutes ces années !), en oubliant Darth Vador, pour faire bonne mesure. Puis, puisqu’il ne faut pas, en 2023, irriter les défenseurs du progressisme à tout prix, tous les personnages principaux sont féminins et/ou ont la peau colorée (même en vert ou en bleu !). Et puisqu’on ne peut pas oublier le défi environnemental, on rajoute des baleines spatiales que les méchants veulent détruire sans état d’âme particulier…
Soyons justes, Ahsoka n’est pas une catastrophe, juste une série très moyenne, divertissante par instants, lourdingue et atone à d’autres, dont on suit les rebondissements avec une vague indifférence. Le plus amusant – et surprenant, dans la mesure où cela témoigne de l’absence cruelle d’une « vision artistique » derrière le projet tout entier – c’est qu’on a l’impression que les scénaristes et réalisateurs enfilent les citations, les références, ou au moins les sources d’inspiration basées sur la concurrence : il y a un soupçon d’Indiana Jones quand on explore des bâtiments mystérieux dissimulant des secrets, un doigt d’Avatar avec nos baleines intelligentes qui se baladent entre les galaxies, et pas mal du Seigneur des Anneaux dans la dernière partie – avec ses sorcières en bonus – sur une planète désolée. Le tout est filmé sans aucun rythme – sans doute pour prendre le temps de bien montrer à l’écran l’argent investi dans les effets spéciaux…
Alors que la fin ouverte d’Ahsoka laisse entendre qu’une seconde saison serait possible, on en est une fois de plus réduit à se demander si cela fait réellement du sens de continuer toute cette histoire. Ou s’il ne vaudrait pas mieux définitivement oublier Star Wars, et passer à autre chose. Et on parie que c’est une question qui se pose au plus haut niveau chez Disney…
… mais seuls les financiers du groupe ont la réponse.
Eric Debarnot