La magie pop renouvelée, encore et toujours, grâce aux pépites que Hidden Bay nous livre régulièrement. Cette fois, c’est un groupe australien, Soft Covers, un trio qui fait une pop légère et bancale, insouciante et mélancolique. 11 morceaux, délicieux et cristallins, qu’on ne doit pas manquer.
Soft Covers est l’une des dernières pépites que le label toulousain Hidden Bay Records nous fait heureusement découvrir, le genre de musique qu’on trouve en cherchant avec un peu d’acharnement dans les bacs et le genre de musique qu’on apprécie immédiatement… sans apprécier immédiatement. Le groupe de Melbourne (à qui on re-donne aussi maintenant le nom originel de Naarm) nous avait déjà proposé un premier EP ravissant. 6 morceaux seulement, presque, même pas un quart d’heure, Permanent Part Time. Le genre d’album qu’on met dans son lecteur (de cassette, c’est bien plus marrant qu’en version numérique) et qui déroule, qu’on écoute sans écouter, mais qui revient immédiatement dès qu’il est terminé et dont on se rend compte qu’on ne veut (peut) plus arrêter de l’écouter. Et on finit par comprendre pourquoi. Pop délicate et légère, guitares brillantes et lumineuses, mélodies accrocheuses, batterie sèche et métronomique. Des morceaux qui ne paient pas de mine, mais qui restent immanquablement dans l’oreille et qu’on finit par ne plus avoir envie d’oublier. L’excellent Guilty ou le non moins excellent Grow était particulièrement réussis…
C’est exactement cette même musique que ce nouvel opus nous propose. 11 morceaux cette fois, 40 minutes. On a donc le temps de s’installer et de profiter de cette musique complètement atemporelle. Certes, on n’échappe pas au genre (c’est de la pop légère, à base de guitares légères) mais le genre importe peu. Ces morceaux sont des petites histoires, de petites tranches de vie qui brillent comme un après-midi d’automne. Des morceaux bien composés, bien ficelés, chantés et joués avec ce qu’il faut de dissonance et d’imperfection pour que ce soit parfaitement imparfait. Des chansons rendues légères et (en apparence) insouciantes par des guitares aériennes et lumineuses, des sonorités acidulées, un rythme soutenu, d’autant que la batterie répète souvent les mêmes motifs avec une insistance qui finit par être addictive. Comme le sont les mélodies, qui restent bien dans la tête. On comprend que cela marche. Si, en plus, on rajoute à cela un arpège ici, des notes de synthétiseur là, des cœurs souvent, donc de judicieux arrangements (les arrangements donnent à ces morceaux une dimension intéressante et une profondeur qu’on ne note pas forcément pas à la première écoute), on est parés: Soft Covers coche beaucoup de cases!
Prenez par exemple The Real Housewives of Porpoise Spit, un morceau auquel on ne peut pas résister longtemps, un morceau dans lequel tout va bien, la batterie du début, l’enchaînement avec la guitare rythmique, la voix/mélodie géniale et, surtout (?), le refrain chanté en chœur. C’est clair, transparent, scintillant, léger. Et mélancolique, très mélancolique (d’où la référence à l’après-midi d’automne). Souvent la voix a cette intonation qui change la légèreté de la chanson et donne un tour différent, un arpège de guitare ou de synthé, joué à un niveau différent. Le groupe jouait déjà avec ces différents niveaux dans le précédent EP, c’est ici encore très présent. C’est le cas souvent, d’ailleurs déjà avec le premier morceau, Every Week, ou encore sur Nth Qld, Late 80s. On hésite en permanence entre ritournelles insouciantes et moments de doute… Soft Covers joue avec nos sentiments, avec nos émotions et le fait avec talent. Comment ne pas aimer, comment ne pas en faire des tubes. C’est la magie du groupe de faire des morceaux qui vont devenir vos tubes personnels !
Alain Marciano