Les américains Deluxxe vibrent aux sons ancrés dans les années 80 que leur chanteur et guitariste Nick Terlecky s’évertue à extirper du passé. Avec brio.
La formation cold wave Deluxxe est atypique. Originaires de Buffalo, à coté de New York, les cinq musiciens ne font pas dans la parodie goth mais connaissent visiblement leurs classiques new wave. If You Were Me est leur premier album et se limite à huit titres. Basse et guitares sont au diapason, emmitouflés dans leurs effets flanger et chorus pendant qu’un clavier se planque dans l’ionosphère aidé d’une rythmique dynamique. Quant au chant, il survole simplement les compositions. Son placement mélodique renvoie aux belles heures de la Britpop, avec une tessiture qui n’est pas sans rappeler Mark Burgess des Chameleons ou Garçe Allard des Sad Lovers Giants.
Duo au départ, le compositeur Greg (basse) et Mason (synthétiseur) recrutent trois membres de Violent Way et Bad Blood and Exhibition. Des groupes street oï considérés aux USA comme les fers de lance du renouveau de la scène skinhead. Au jeu vif et sec, le batteur Nick retrouve Nick Terlecky, qui laisse les chants hooliganiens de côté, pour une approche plus pop alors que le guitariste Bailey se pare d’un jeu cristallin. Bien sûr, ils assument leurs looks et défendent une approche populaire et viriles avec des paroles qui ne sont pas sans rappeler celles signées Paul Weller ou Joe Strummer.
Waiting For A Sig ouvre le disque et donne le ton. C’est un maelström d’effets new wave qui se repend sur ce titre sautillant et mélancolique. Habile, la voix vous emporte sans effort et déroule son texte avec naturel. Quelques arpèges plus tard, Sweet With Sin déroule une rythmique implacable. Le synthétiseur amène une touche atmosphérique que Nick Terlecky s’empresse d’ignorer. Common Ground se dote de redoutables breaks et l’ambiance rappelle The Cure période Head On The Door vs Faith.
Le chant se dévoile légèrement plus érailler tout en magnifiant la mélodie. Sur Queen Of Hearts, c’est la basse qui mène la danse alors que les guitares effrontées canalisent des intonations plus 90’s. Du même calibre, In Another Place et Common Ground enchantent avec leurs refrains solides et les guitares savent se montrer flamboyantes quand il le faut. Avec sa rythmique implacable, Mooving On et Phantom Figure laissent les claviers s’effacer pour laisser place aux jeux des guitares qui s’imbriquent parfaitement, le chant mélopée assurant les arrières.
Deluxxe possède bien des atouts pour s’imposer dans la sphère post punk avec deux avantages majeurs sur la concurrence : une voix remarquable et des Doc Martens saillants.
Mathieu Marmillot