Dans Close Up – Daniel Darc : Je me souviens, je me rappelle, Marc Dufaud évoque sa collaboration de cinéaste avec le mythique chanteur de Taxi Girl. Un travail synchrone de l’esprit de son sujet jusque dans ses limites.
Auteur de romans ainsi que de bouquins sur le King et le Boss, Marc Dufaud a coréalisé en 2019 le documentaire Daniel Darc, Pieces of My Life. Un docu valant d’abord pour les quelques moments où Darc décrit la naissance de son amour du Rock et surtout pour les témoignages de ceux (Georges Betzounis, Frédéric Lo) qui surent tirer le meilleur d’un talent à la vie agitée.
Dufaud entreprend dans Close Up – Daniel Darc Je me souviens de raconter son amitié et sa collaboration artistique avec Daniel Darc. En mythifiant les choses au forceps, à coup de citations de Roger Gilbert-Lecomte et d’un style ampoulé voulant ériger à Darc une statue de poète maudit de la chanson française. Quand bien même être le fils d’une tondue à la libération et d’un homme dont la mère est morte dans un camp d’extermination est un élément romanesque puissant concernant Darc, il faut en plus ajouter qu’au moment de la rencontre la mère de Darc exerçait le même métier que celle de Céline ! Mais en même temps c’est peut-être synchrone d’un Darc qui inscrivait volontairement son travail dans le sillage de mythologies musicales, littéraires, cinématographiques.
Le récit principal est entrecoupé d’intermèdes/respirations évoquant le règne de la variété dans la France seventies, le contexte musical de l’émergence de Darc avec entre autres les Stinky Toys et Métal Urbain… Ce récit principal justement : d’abord le coup de foudre pour Darc le rocker dandy et androgyne en y voyant une figure de frère, la découverte de Darc live, l’amitié et surtout un travail de cinéaste au long cours pour filmer Daniel Darc, un travail trouvant son aboutissement dans le documentaire de 2019. C’est par là que le livre dépasse l’hagiographie, se faisant le récit des aspects pénibles d’un tournage, du travail de montage du matériel filmé et de montage sonore, du choix de la pellicule et du matériel technique, des problèmes avec le producteur… Et filmer est un acte de Do It Yourself frère de ce Punk qui a été une des rampes de lancement de Darc.
Il est aussi question des fluctuations du succès critique et public de Darc (indifférence critique et flop de Nijinsky, retour en grâce critique et succès public de Crève-cœur…). On y apprend les liens entre le texte de Positively 4th Street de Dylan et celui de Quelqu’un comme toi de Taxi Girl. Et si j’avais vu un lien entre le morceau Nijinsky et Andy Warhol de Bowie – même autoportrait artistique à travers le prisme d’un autre – la source semble plutôt se situer du côté du monologue de Le Vigan dans Quai des Brumes.
In fine Dufaud a écrit un livre imparfait mais fidèle à l’esprit de son sujet. Dufaud a également mis sur son compte Youtube un docu tourné pour Paris Première sur la scène punk française des seventies, moment où pour la première fois dans le Rock hexagonal quelque chose se faisait en même temps que les Anglo-Saxons. Ainsi qu’une autre de ses réalisations en collaboration avec Darc.
Ordell Robbie
Ravagé et gracieux….Cherchez le garçon frappait très fort. La classe de haut niveau.