Difficile de le rater, car il aura tourné pratiquement toute l’année. Après une première tournée entamée sitôt son second album dans les bacs, et une série de festivals cet été, The Murder Capital remet déjà le couvert avec le « Clown’s reflection tour ».
Après plusieurs passages à Paris, c’est à la Cigale que les Irlandais de The Murder Capital posent une dernière fois leurs valises cette année. Leur performance au Trabendo laisse le souvenir d’un concert fameux qui consacrait alors la communion entre la rage brute et transcendante de When I Have Fears et la finesse bouleversante de Gigi’s Recovery. Cette seconde tournée, enchaînée immédiatement après la première, n’offre pas tant un live inédit qu’une prolongation de la formule que proposait déjà le groupe.
Au terme d’une première partie assurée par la douce voix de la chanteuse irlandaise Soak – malheureusement concurrencée par le brouhaha ambiant de la salle -, le groupe choisit de faire un clin d’œil exclusif à son public français en calant Bonnie and Clyde de Serge Gainsbourg juste avant leur entrée en scène : soit ! C’est en tout cas avec justesse qu’ils mettent ensuite pied sur le plancher de la Cigale avec The Stars Will Leave Their Stage. « Paris, ça dit quoi ? » Tout baigne, d’après l’enthousiasme du public, James Mc Govern peut régner avec assurance sur la foule, comme à son habitude.
Parfois théâtrale, pas toujours très authentique, l’attitude du chanteur peut diviser, mais le reste de la bande fait l’unanimité. Le jeu sophistiqué de Damien Tuit à la guitare et la frappe de Diarmuid Brennan, respectivement couplés à synthés et basse, corroborent le bien-fondé de la réputation de The Murder Capital. Même si, ce soir-là, certains morceaux écopent d’une interprétation quelque peu expéditive, et l’on sent For Everything filer bien rapidement dans la bouche de Mc Govern, en dépit de son beau filage avec More Is Less.
Si certains moments manquent leur acmé, d’autres cueillent notre surprise, à l’image de l’inattendu Heart in the Hole, nouveau single du groupe paru il y a quelques semaines. Discret à la sortie donc, mais remarquablement défendu sur scène : c’est ce titre qui le sort du lot, parmi d’autres titres plus plébiscités, mais à l’exécution très rodée. Preuve en est, on l’espère, que le groupe ne se reposera pas trop sur ses lauriers.
Du reste, les émotions, l’énergie et les pogos sont bien marqués du sceau de Murder Capital. On doute de l’authenticité des larmes du chanteur à la fin d’On Twisted Ground, mais le cynisme radical de Don’t Cling to Life, la pesanteur de Green & Blue, l’humilité (il en faut) d’Ethel participent de ce savant traitement de l’ombre et de la lumière. Les corps volent de la scène au public, ou au sol directement, et c’est peut-être ce qui dissuade Mc Govern de s’y jeter à répétition. Il attendra que se déchire absolument la foule sur le refrain de Feeling Fades, pour se lancer à corps perdu sur la marée de ses fidèles.
Ce « Clown’s reflection tour » permet surtout à The Murder Capital d’étendre la durée de vie de sa première tournée, de goûter encore un peu à l’effervescence provoquée par la surprise de leur second album… en attente de l’écriture d’un nouvel arc à son histoire.
Texte : Marion des Forts
Photos : Robert Gil